Bio : Une baisse de 68 millions d’euros en 2021
L’Agence BIO est la seule entité à publier les chiffres panoramiques du bio, sur 6 circuits de distribution : que ce soit en grandes et moyennes surfaces (GMS), en grandes surfaces spécialisées (GSS), vente directe, artisans et petits commerçants, restauration commerciale, restauration collective. Alors qu’à 2 exceptions près, l’ensemble des marchés européens croissent en bio, le marché bio français …
L’Agence BIO est la seule entité à publier les chiffres panoramiques du bio, sur 6 circuits de distribution : que ce soit en grandes et moyennes surfaces (GMS), en grandes surfaces spécialisées (GSS), vente directe, artisans et petits commerçants, restauration commerciale, restauration collective.
Alors qu’à 2 exceptions près, l’ensemble des marchés européens croissent en bio, le marché bio français a perdu 68 millions d’euros, incluant les achats de la restauration, soit une baisse de 0,5%. Le bio tousse après des années de croissance à deux chiffres, et on a entendu des voix annoncer sa fin. «L’année 2021 a été marquée par un bouleversement de toute la consommation. L’INSEE annonce en février, une baisse de -2,28% de la consommation alimentaire des ménages, ce qui équivaut à 4,5 milliards de moins sur un marché de 195 milliards. Les Français ont déconsommé. Difficile en 2021 d’analyser des chiffres à la lumière de 2020, année si exceptionnelle», explique l’Agence Bio.
Dans ce contexte, le marché du bio n’est pas épargné et et enregistre une baisse de 68 millions d’euros soit 0,5% incluant les achats de la restauration et 1,34% hors restauration (172 millions d’euros). Il conserve une part de marché de 6,63% dans les courses alimentaires des Français.
«La question du ralentissement de la demande du bio fait couler beaucoup d’encre en début d’année, mais les chiffres qui ont été publiés concernent surtout la grande distribution. Ils ne reflètent donc pas une vision d’ensemble du marché bio car le bio a pour particularité de se vendre dans une grande diversité de circuit», commente l’Agence Bio dans son édition de juin 2022 concernant le marché Bio. Notamment dans un circuit spécifique : la distribution spécialisée (soit plus de 3 000 points de vente regroupant des enseignes telles que La Vie Claire, Naturalia, Biocoop, Satoriz et des magasins indépendants) et qui représente près de 27% de la distribution. Mais également en vente directe, où son poids est sans commune mesure avec le poids de la vente directe en alimentaire non-bio, avec 1 ferme bio sur 2 qui vend en direct (versus 1 sur 4 au plan national). Ce qui représente un réseau de près de 26 000 points de vente.
Contrairement à l’agroalimentaire qui est massivement vendu en grande distribution, le bio se vend se façon plus fragmentée : Si la grande distribution vend 70% de leurs nourritures aux Français, elle ne représente que la moitié des débouchés du bio (50,2%). Les GMS et grandes surfaces spécialisées vendent moins de bio, mais la vente directe par les producteurs et la vente par les circuits courts augmentent.
Concernant la demande en restauration hors domicile, avec l’application de la loi EGalim les cantines s’investissent davantage pour atteindre leur objectif de 20% de bio dans l’assiette, certaines collectivités et régions obtenant des croissances à deux chiffres comme la Nouvelle-Aquitaine ou encore la métropole de Lyon. La restauration, quelle soit collective ou commerciale, a acheté 19,5 milliards d’euros de denrées alimentaires. En commerciale : 13,9 milliards dont 232 millions en bio soit 1,67% ; En collective : 5,6 milliards dont 377 millions en bio soit 6,6%.
Avec environ 80 000 cantines et 180 000 restaurants en France, il s’agit de deux relais de croissance majeurs pour accueillir la production des agriculteurs français qui arrivent au terme de leur conversion Les marges de progression sont colossales comme le dit Guillaume Gomez. Chaque restaurateur doit se mobiliser pour augmenter la part de produits bio dans les menus proposés aux clients.
Après la crise sanitaire, l’activité de la restauration collective a repris en 2021 et l’introduction de produits bio également. La restauration collective n’a pas retrouvé dès le début de l’année 2021 toute son activité. Sans atteindre son niveau de 2019, les achats de produits bio par la restauration collective ont baissé de 3,0% entre 2019 et 2021.Selon Gira Food service, la baisse générale a été plus importante : -20,4%.
Le taux d’introduction peut être évalué à 377 M€ (Agence BIO/ANDI) sur 5 670 M€ (Gira FoodService 2022) soit 6,6% en 2021 (contre 5,4% en 2019). Plus d’un restaurant sur trois introduit des produits bio dans son offre cependant dans un cas sur deux cela se limite au vin bio. La part des achats de la restauration commerciale en bio peut être estimé à 251 M€ (Agence BIO/ANDI) sur 13 900 M€ (Gira FoodService 2022), soit moins de 2%.
Concernant la demande en restauration hors domicile, avec l’application de la loi EGalim les cantines s’investissent davantage pour atteindre leur objectif de 20% de bio dans l’assiette, certaines collectivités et régions obtenant des croissances à deux chiffres comme la Nouvelle-Aquitaine ou encore la métropole de Lyon.
Les produits bio d’origine France gagnent du terrain
Avec de nouvelles filières 100% françaises, les importations étaient en baisse en 2021 notamment en ce qui concerne les produits de la boulangerie. Elles passent de 33,5% en 2020 à 31,9% en 2021. Hors produits exotiques, les filières bio sont approvisionnées à plus de 81% par des produits français.
Les exports de produit bio se sont fortement développées en 2021 de passant de 887 M€ à 1 047M€ au stade de gros (+18%). Les exports se développent particulièrement en vin (+68M€) en fruits (+32M€) en produits laitiers (+14M€) et dans l’épicerie sucrée et salée (+10M€ et +9M€ respectivement).
Selon le Baromètre de la perception et consommation des produits bio publiée en mars 2022, 9 Français sur 10 consomment du bio (91%). Malgré une légère baisse des nouveaux consommateurs de produits avec seulement 11% de nouveaux venus (-4 points par rapport à 2020, l’étude démontre une hausse du nombre de Français qui consomment du bio plus régulièrement (au moins une fois par mois (76% vs. 73% en 2020) ; au moins une fois par semaine (52% vs. 47%)). Les lieux de consommation se concentrent sur la proximité (baisse des Hyper et supermarchés).
La France, un des meilleurs élèves en Bio
Après une croissance très forte des marchés bio des pays européens en 2020, la croissance semble avoir ralenti en 2021 : Après une hausse de 22,3 % en 2020, le marché bio allemand a progressé de 5,8 % en 2021, approchant 15,9 milliards € (hors RHD). Parmi les secteurs européens les plus dynamiques en bio, le marché italien se porte bien même si la croissance du bio n’est pas aussi importante qu’avant la crise sanitaire. Au cours de l’année se terminant fin juillet 2021, le marché bio italien a augmenté de 4,9 % et a atteint 4,57 milliards €.
En Espagne, le marché bio a progressé de 8,9% en 2021 d’après les premières estimations d’Ecovalia, après une augmentation de 7 % en 2020. Au Royaume-Uni, le marché bio a augmenté de 4,1% en 2021 par rapport à 2020, après une hausse de 17,6 % en 2020. En 2021, le marché bio suisse a progressé de 3,9 %, pour atteindre 4,9milliards €), il avait progressé de 19,1 % en 2020. Si les ventes ont progressé en Suisses alémanique et italienne, elles ont reculé de 3 % en Suisse romande. Le marché bio belge a progressé de 4,6% en 2021, après une hausse de 14,3 % en 2020. L’exemple le plus comparable à la situation française est la Suède dans laquelle la bio a diminué en grande distribution en 2021 (-5,4 %). Au global, le marché bio suédois a stagné en 2021 (- 0,5 % vs 2020). Le marché bio finlandais a également stagné (-0,5 %) alors qu’il avait progressé de 9,7 % en 2020.
La production de bio est toujours en forte augmentation : avec une hausse de plus de 9% en 2021 et 20% des surfaces qui sont encore en conversion.. Fin 2021, l’Agence BIO compte plus de 13,4% de fermes bio en France.
L’Agence BIO n’observe pas de phénomène de « sorties du Bio » massif, en 2021, les sorties du bio représentent 4,17% des fermes (contre 4,02% en 2020) soit une hausse de seulement 0,15%. En outre, plus de la moitié des sorties du bio sont des départs à la retraite et non des agriculteurs qui renoncent à produire bio.
«Malgré une légère baisse inédite de la demande, le bio n’est pas pour autant en péril», souligne l’Agence BIO qui œuvre au quotidien pour soutenir le marché notamment grâce à ses deux missions : Financer et structurer les projets collectifs des entrepreneurs du bio, en misant les 13 millions annuels du Fonds Avenir BIO sur les projets les plus structurants pour les filières ; Communiquer, informer les citoyens sur les bienfaits de l’alimentation biologique sur la santé commune, celles des hommes, des animaux, des sols, de l’eau, de l’air…Sur la santé sociale (création d’emplois dans les territoires, satisfaction et attraits des métiers agricoles bio).
Une hausse des surfaces cultivées en bio en 2021
L’Agence BIO recense près de 2,8 millions d’hectares cultivés selon le mode de production biologique, soit une hausse de 9% depuis 2020. Par ailleurs, les terres certifiées (pouvant produire bio) atteignent 2,2 millions d’hectares, soit une augmentation de 12% par rapport à 2020. Les terres encore en conversion restent stables à 0,6 million d’hectares (-1% / 2020). De même, les surfaces entrant en première année de conversion en 2021 se maintiennent (264 000 ha). Enfin, à la fin de l’année 2021, l’Agence BIO compte 10,34% de SAU bio. Des filières emblématiques telles que les Plantes à Parfum Aromatiques et Médicinales (PPAM) comme la lavande et le lavandin continuent leur développement en 2021. (+27%/2020) ou encore les fruits à coques dont près de la moitié des surfaces est conduite en bio (+14% / 2020). La France est aussi le premier cultivateur mondial de vignes bio en surfaces avec des vignobles, en Champagne, et dans le Bordelais. Le secteur connait une hausse significative de 16% par rapport à 2020 et la barre des 20% du vignoble conduits en bio a été dépassée en septembre 2021.
L’Agriculture biologique, une source d’emplois
Avec plus de 200 000 ETP générés, l’agriculture biologique est l’un des moteurs de la création d’emploi dans les territoires à toutes les étapes de la filière. L’Agence BIO rappelle qu’une ferme bio emploie 30% de main d’œuvre de plus qu’une ferme non bio, avec 2,4 ETP en moyenne pour les exploitations bio, selon le recensement agricole 20203. Ce sont plus de 144 000 emplois ancrés dans les territoires et non délocalisables. Les régions productrices de bio restent dynamiques, comme le montrent les exemples des régions Nouvelle- Aquitaine et l’Occitanie.
Enfin, pour l’Agence Bio, Manger bio et local, sont deux notions non opposables : «Evitons la confusion entre bio et local. Aucune définition légale ne détermine le critère du local qui varie d’un distributeur à l’autre.
Les consommateurs qui annoncent préférer le local doivent plus que jamais être informés que bio et local ne sont pas contradictoires et ne s’opposent pas. Grâce à la diversité des climats et terroirs en France, et les 26 000 fermes qui vendent en direct, les consommateurs peuvent manger bio et local» insiste sur ce point l’Agence Bio qui constate également que parmi les perceptions des consommateurs en matière de bio, «on note une grande confusion sur ses garanties, notamment du fait de l’industrialisation et l’extension en bio d’une large gamme de produits de référence par les industriels comme les céréales pour le petit déjeuner. L’étude menée par l’Agence BIO auprès d’un panel de consommateurs révèle que certains d’entre eux restent convaincus de la présence de pesticides de synthèse dans ces produits malgré leur labellisation bio.
(Source : Les chiffres 2021 du secteur bio / édition juin 2022/ Agence Bio)