C’est ce que propose l’ANIA dans le cadre du prochain quinquennat présidentiel. Les entreprises agroalimentaires souffrent d’une double baisse de leurs marges et de leur compétitivité, un signal inquiétant pour la première industrie de France, a indiqué le président de l’Ania lors d’une conférence de presse.
En 2016, l’industrie alimentaire se maintient en tête des secteurs industriels français avec un chiffre d’affaires stable de 172 milliards d’euros (+1.1% vs 2015). Premier employeur industriel du pays, les entreprises agroalimentaires emploient directement 427 213 salariés, pour une création nette de 4 333 emplois par rapport à 2015.
« Malgré ces résultats qui montrent notre résilience, notre dynamisme et notre place majeure dans le paysage économique du pays, l’industrie alimentaire française subit un double décrochage de ses marges et de sa compétitivité, causée par la hausse du prix des matières premières, la guerre des prix, et la pression fiscale qui assomment nos entreprises » déclare Jean-Philippe Girard, président de l’ANIA.
Dans le même temps, le secteur agroalimentaire a vu une nouvelle fois son taux de marge baisser (-3.1%, soit près de 4 points depuis 2007) alors qu’une conjonction de facteurs (CICE, pétrole, taux d’intérêt) pouvait participer à son redressement.
Dans les autres secteurs de l’industrie manufacturière, le taux de marge a retrouvé (et même dépassé) son niveau de 2007. La structure financière des entreprises agroalimentaires continue donc de se dégrader sous une triple pression : des prix des matières premières, des prix en GMS, de la fiscalité.
Une flambée du prix des matières premières en 2016
Dans le secteur agroalimentaire, la part des achats agricoles représente près de 55% du chiffre d’affaires total de l’industrie alimentaire contre 38% dans le reste de l’industrie manufacturière. L’industrie alimentaire est donc particulièrement affectée par la hausse significative des prix de ses matières premières. Extrêmement volatile, le prix des matières premières alimentaires a augmenté de près de 14% en 2016.
Pour rappel, sur une période plus longue, depuis 2004, le prix des matières premières a augmenté de près de 180% ! L’année 2017 devrait marquer une poursuite des tensions inflationnistes. La haute volatilité empêche par ailleurs les industriels d’avoir une visibilité correcte sur leurs approvisionnements et entraîne une grande tension sur leurs niveaux de trésorerie.
La guerre des prix et des promotions destructrice de valeur
La guerre des prix dans la grande distribution est plus que jamais destructrice de valeur. En 2016, la déflation des prix alimentaires a atteint -1.1%, soit une déflation de près de 4% en cumul ces trois dernières années. Cette déflation continue au cours des 43 derniers mois (octobre 2013) concerne désormais toutes les catégories de produits et toutes les marques (marques nationales et marques de distributeur).
En 2016, un écart important de 1.8 point est même observé entre les prix des produits alimentaires et l’inflation générale. Pour rappel, il n’y avait aucun écart en 2012. Depuis deux ans, la guerre des prix se double d’une guerre des promotions. Cette double peine déflationniste ne stimule même plus la consommation des ménages français.
En 2016, la consommation alimentaire a encore ralenti pour atteindre +0.8%, évoluant à un rythme proche de l’évolution démographique.
Une pression fiscale accrue
La fiscalité des entreprises alimentaires françaises s’est brusquement alourdie depuis 2010 (+10% d’impôts sur la production et +13% de charges sociales) et s’inscrit à un niveau sans précédent et fait de la France une triste exception européenne en la matière. Bien que représentant 20% de la valeur ajoutée au sein de l’industrie manufacturière, le secteur agroalimentaire contribue, à ses dépens, pour 50 % à la hausse de la fiscalité constatée entre 2011 et 2016.