Une proposition de loi déposée sur « l’interdiction progressive des additifs nitrés dans les produits de charcuterie» vient d’être déposée par les députés Richard Ramos (MODEM), Barbara Bessot-Ballot (LREM) et Michèle Crouzet (LREM) suite à de nombreuses auditions (scientifiques, industriels, experts, société civile) menée par la mission parlementaire d’information sur les sels nitrités dans l’industrie agroalimentaire. «Avec 4.000 cancers évitables par an imputés à l’ajout de nitrites ou nitrates dans l’alimentation, l’Assemblée nationale a pris le parti de la santé en dépit des nombreuses pressions de l’industrie de la charcuterie» se réjouit notamment foodwatch, Yuka et la Ligue contre le cancer un an après le lancement d’une pétition conjointe qui compte près de 320.000 signatures.
Un étiquetage clair sur la viande transformée
Cette proposition de loi demande l’interdiction des nitrites et nitrates ajoutés dans la viande transformée : en 2023 pour les charcuteries crues (Bayonne, Parme, etc.) et en 2025 pour les charcuteries cuites (jambon ‘blanc’ par exemple). D’ici là, un étiquetage clair sur la viande transformée contenant des nitrites ou nitrates ajoutés précisant : « Contient des nitrites ou des nitrates ajoutés et qui peuvent favoriser les cancers colorectaux » ainsi que la quantité d’additifs utilisés. La loi concerne également les additifs nitrés issus de bouillons de légumes riches en nitrites et nitrates afin que les industriels ne puissent pas «la contourner via cette méthode alternative qui pose les mêmes problèmes sanitaires que les nitrites et nitrates « classiques ».
Il y a quelques semaines, Yuka avait été mise en demeure par le lobby des charcutiers, la Fédération française des industriels charcutiers traiteurs (FICT) par voie d’avocats en exigeant la suppression de la pétition commune contre les nitrites et la modification du système de notation sur les produits comportant les additifs E249, E250, E251 et E252. Cette procédure d’ « intimidation » selon foodwach, aurait eu pour effet de booster le nombre de signatures à la pétition citoyenne, bondissant de 210.000 à près de 320.000.
« Nous demandons aux dirigeants de ces marques de clarifier publiquement leur position et de cesser de jouer un double jeu. Plusieurs cumulent en effet les casquettes comme Arnaud de Belloy, à la fois PDG de Herta et Vice-Président de la FICT, Antoine d’Espous, PDG de LOSTE et également vice-Président de la FICT, Emmanuel Commault, PDG de la Cooperl et membre du bureau de la FICT, Philippe Duriez, DG d’Aoste, Justin Bridou et Cochonou et également membre du bureau de la FICT ou encore Pierre Hébert, DG de Bordeau-Chesnel et lui aussi membre du bureau de la FICT. On a besoin de transparence », explique Karine Jacquemart, directrice de foodwatch. foodwatch a également envoyé une dizaine de lettres publiques à ces dirigeants pour leur demander quelle est leur position sur les nitrites ajoutés et s’ils ont soutenu la décision de la FICT de mettre en demeure Yuka, plutôt que d’accompagner les membres de la Fédération vers une sortie généralisée de ces additifs.
(Sources : foodwatch, Yuka, Ligue contre le cancer)