Les groupes Avril et Euralis ont inauguré à Vic-en-Bigorre dans les Hautes-Pyrénées une unité de trituration de graines de soja baptisée Sojalim. Ce nouvel outil industriel représente une étape majeure dans le développement d’une filière de soja 100 % origine France.
Sojalim transformera dès cette année 25 000 tonnes par an de soja produit en France, dont 5 000 tonnes de soja biologique, afin de sécuriser l’approvisionnement des filières de productions animales du Sud-Ouest en protéines végétales 100 % françaises. Ce nouvel outil offre ainsi une alternative locale, tracée, non OGM mais également innovante – par son process de dépelliculage des graines – au soja importé, principalement du Brésil.
Sojalim est située sur le site de fabrication d’aliment pour le bétail SANDERS-Euralis de Vic-en-Bigorre, lequel utilisera une partie des tourteaux, coques et huiles produits. L’autre partie de la production de Sojalim sera destinée à l’usine SANDERS-Euralis de Lons (Pyrénées-Atlantiques). Les deux usines de SANDERS-Euralis approvisionneront les élevages de volailles, porcs et ruminants de la région.
Une filière régionale pérenne
Née de la volonté du groupe Avril de contribuer à la structuration de la filière Soja en France, Sojalim représente une nouvelle étape importante du partenariat avec le groupe Euralis et s’inscrit dans la suite logique de la création de SANDERS-Euralis en septembre 2013.
Dès sa conception, le projet Sojalim s’est appuyé sur les filières et partenaires du Sud-Ouest. Ainsi, des semences à la valorisation par les consommateurs, en passant par la mise en culture, la collecte, la trituration, la fabrication d’aliments du bétail et les productions des filières animales, chacun a apporté sa pierre à l’édifice.
La présence de soja dans les campagnes françaises est relativement récente : la plante s’est développée en France au début des années 1980. Sa culture est rythmée, au gré des aides apportées, de hauts – 134 000 hectares en 1988 – et de bas – jusqu’à un plancher atteint en 2008 avec seulement 22 000 hectares cultivés en France. Un plan de relance mené par la Fédération française des producteurs d’Oléagineux et de Protéagineux (FOP) incite le groupe Avril et SOFIPROTEOL, sa société de financement et de développement, à rechercher des solutions de développement de la filière, notamment par la mise en place d’un outil de transformation à même de valoriser les graines produites.
Dans le même temps, la réforme de la Politique Agricole Commune (PAC) permet une première reprise de la production qui, pour s’ancrer durablement, se doit d’être consolidée par le développement de la filière en aval. En janvier 2015, les groupes Avril, Euralis, Carrefour et FIPSO s’assoient à la même table et dessinent la relance d’une filière engagée pour la durabilité et la qualité du soja français, aboutissant en mai 2016 à la signature d’un partenariat autour de la relocalisation d’une filière de soja origine France dans le Sud-Ouest. Le projet Sojalim voit le jour.
L’accompagnement des agriculteurs sur ce marché
Le projet reçoit alors le soutien de la Région Occitanie / Pyrénées-Méditerranée et bénéficie, avec l’appui du Fonds européen agricole pour le développement rural (FEADER), de l’octroi d’une subvention totale de 750 000€, représentant 20 % du capital investi et près de 30% des investissements de la ligne de trituration du soja.
Cette dynamique participe, avec 140 000 hectares en 2017, au rebond des surfaces de soja cultivées en France et doit permettre d’atteindre l’objectif de 200 000 hectares en 2020. Un objectif auquel Euralis entend contribuer au travers de l’expertise dans la recherche, la production et la commercialisation des semences d’Euralis Semences, leader sur le marché des semences de soja français. La coopérative accompagne par ailleurs les agriculteurs souhaitant un nouveau débouché économique à même de diversifier leur assolement et présentant des atouts agronomiques et environnementaux.
En tant que légumineuse, le soja est capable de fixer, dans le sol, l’azote de l’air pour sa propre croissance et celle des productions suivantes. Ainsi, sa culture ne nécessite pas d’engrais azotés. Par ailleurs, l’intégration du soja dans les systèmes de rotation de cultures permet de réduire l’utilisation d’herbicides, de fongicides et d’engrais, tout en entraînant des rendements plus stables. Les caractéristiques agronomiques du soja en font en outre une culture particulièrement adaptée à l’agriculture biologique.
La trituration des graines de soja biologique sera faite en façonnage pour le compte des ETS Aurouze, acteur historique des aliments biologiques pour animaux dans la région.