« Nous sommes convaincus que les biotechnologies vertes sont cruciales pour le XXIème siècle. Mais [elles] ne sont pas suffisamment acceptées dans de nombreuses régions en Europe par la majorité des consommateurs, des agriculteurs et des responsables politiques ». Voilà ce qu’a déclaré Stefan Marcinowski, membre du directoire de BASF chargé des OGM, à l’AFP. Car c’est avec regret que BASF a décidé d’arrêter le développement de nouveaux OGM destinés au marché européen et de se recentrer sur des régions plus favorables aux biotechnologies, comme les Etats-Unis.
Après plus de dix ans d’acharnement pour obtenir finalement en 2010 l’autorisation de commercialiser sa pomme de terre OGM renforcée en amidon Amflora, BASF jette l’éponge face à la méfiance tenace des consommateurs et des gouvernements européens.
Alors que la Commission européenne a pris acte de cette décision lundi, les organisations écologistes européennes jubilaient.
Concrètement, BASF ne va plus cultiver et commercialiser Amflora en Europe et va arrêter ses recherches sur d’autres produits transgéniques réservés à l’Europe comme une pomme de terre résistante au mildiou. En revanche, les procédures de demande d’autorisation pour ses pommes de terre Amadea, Modena et Fortuna suivront leur cours.
Le groupe de biotechnologies allemand se tourne à présent davantage vers son partenaire américain Monsanto. Ils ont déjà réalisé en commun un maïs résistant à la sécheresse. BASF travaille aussi sur un projet de canne à sucre OGM à hauts rendements avec l’institut de recherche agricole brésilien Embrapa.
Suite à cette annonce lundi, BASF a décidé de délocaliser le siège de ses activités dans les biotechnologies vertes en Caroline du Nord (aux Etats-Unis). Le géant allemand devrait réduire ses effectifs européens de 140 personnes. Les unités de R&D de Berlin et de Gand en Belgique seront au contraire renforcées, car « bien que les conditions pour la culture d’OGM soient défavorables en Europe, il y a des instituts de recherche et des universités de rang international » dans ce domaine.
Limagrain, avant BASF, avait déjà déplacé ses essais OGM de la France vers les Etats-Unis. Marc Fellous, professeur de génétique à Paris VII et président de l’AFBV, a déclaré regretter que tout un pan de la recherche et de l’innovation s’éloigne encore.
Le gouvernement français, pour sa part, a réaffirmé sur la question des OGM maintenir fermement son opposition à la culture et à la commercialisation du maïs Mon810. Elles restent donc pour le moment interdites dans l’hexagone, malgré l’annulation de la clause de sauvegarde nationale par le Conseil d’état.