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Brexit : Inquiétudes sur l’agroalimentaire

La France est le 2ème plus important fournisseur de produits agroalimentaires du Royaume-Uni. © Pixabay

A la suite du rejet par le parlement britannique de l’accord de sortie de l’Union européenne défendu par la première ministre britannique Theresa May, les incertitudes sur les conditions de sortie du Royaume-Uni demeurent. Les filières agricoles et agroalimentaires françaises font partie des acteurs économiques les plus exposés à ces incertitudes.
C’est un cri d’alarme que lancent les Chambres d’Agriculture, via son président Claude Cochonneau : «Le Royaume-Uni est un partenaire commercial majeur pour nos filières, celui-ci représentant notre 3ème débouché pour nos exportations agroalimentaires. A l’inverse, la France est le 2ème plus important fournisseur de produits agroalimentaires du Royaume-Uni. Dans le cas d’une sortie sans accord du Royaume-Uni, certaines de nos filières pourraient subir de très lourdes pertes financières».
Les exportations de vins et spiritueux à destination du Royaume-Uni pèsent pour plus de 1,32 milliards d’euros dans notre balance commerciale. Les opérateurs laitiers français ont expédié plus de 270 000 tonnes de produits laitiers l’an dernier, dont 89 000 tonnes de fromages. Certaines des productions font d’ailleurs partie des fromages les plus appréciés par les Britanniques, telles que le Brie ou le Camembert. D’autres productions françaises seraient également grandement menacées, comme les pommes dont la France est le premier fournisseur du Royaume-Uni avec de 130 000 à 140 000 tonnes exportées chaque année.

Un coût de plus de 500 millions d’euros pour les exportations des filières agroalimentaires

Selon le président des CCI, une sortie du Royaume-Uni sans accord représenterait un coût de plus de 500 millions d’euros pour les exportations de nos filières agroalimentaires, sur une perte estimée au total à 3 milliards d’euros pour l’économie française. L’agroalimentaire serait donc le 3ème secteur économique le plus touché. Cet impact économique pourrait être d’autant plus important si l’on y ajoute les coûts liés à la dépréciation de la Livre Sterling, ainsi que les surcoûts liés à la restauration de droits de douane, à la logistique et à l’introduction de nouvelles normes sanitaires pour franchir la frontière britannique. «De plus, malgré la qualité reconnue de nos produits, l’inflation alimentaire, que subissent déjà les consommateurs britanniques, amènerait sur le long terme à une réduction de leur pouvoir d’achat et donc de la demande de nos produits», explique Claude Cochonneau qui appelle les pouvoirs publics français à mettre en place toutes les mesures nécessaires pour soutenir les filières agricoles et alimentaires. «La France doit à tout prix veiller à ce que la construction de l’Union européenne n’en sorte pas encore plus fragilisée”, s’inquiète le président des Chambres d’agriculture.

30 000 PME françaises commercent avec le Royaume-Uni

De son côté, la CPME s’inquiète également des conséquences pratiques notamment pour les 30 000 PME françaises qui commercent avec le Royaume-Uni. C’est pourquoi la Confédération des PME recommande aux entreprises de vérifier le plus rapidement possible l’origine des produits alimentant leur chaine d’approvisionnement, et ce afin de surveiller leur conformité avec les règles en vigueur dans l’Europe des 27. De même, il leur revient dès à présent, de protéger leurs marques, dessins et modèles auprès de l’IPO (Intellectual Property Office). La seule protection communautaire s’avérera brutalement inefficace au Royaume-Uni. Par ailleurs, les autorisations ou certificats obtenus au Royaume-Uni devront impérativement être transférés dans l’Union Européenne. Il en ira de même avec les qualifications professionnelles.

«Le commerce de denrées alimentaires périssables deviendra ainsi pratiquement impossible»

«Quant aux formalités douanières, auxquelles viendront s’ajouter des contrôles phytosanitaires, elles causeront un préjudice considérable aux entreprises. Le commerce de denrées alimentaires périssables deviendra ainsi pratiquement impossible» s’inquiète la CPME.
Alors que 500 camions étrangers procèdent aujourd’hui aux formalités douanières à l’entrée du Royaume-Uni, en l’absence d’accord spécifique 8000 camions seront concernés. Plusieurs jours d’attente seront alors nécessaires à la frontière si des files réservées aux véhicules d’entreprises ne sont pas prévues s’inquiète la CPME.
Enfin, le Royaume-Uni n’étant plus concerné par la TVA intracommunautaire, la CPME demande au gouvernement français de mettre en place des dispositifs fiscaux pour éviter les mécanismes compensatoires.

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