La suite de l’« affaire » qui oppose Casino et Carrefour au Brésil semble tourner en faveur du premier des deux distributeurs français. Mardi 12 juillet, au sortir du conseil d’administration extraordinaire, Casino a diffusé un communiqué sans équivoque. La proposition de Carrefour concernant le rachat de GPA est bien évidemment rejetée. « Le conseil d’administration a constaté à l’unanimité, à l’exception de M. Abilio Diniz, que le projet est contraire aux intérêts de GPA, de l’ensemble de ses actionnaires et de Casino ».
Mais ce à quoi on s’attendait moins, c’est le véritable plaidoyer contre Carrefour et son « projet d’opération financière » qui s’étale sur les quatre pages du communiqué de Casino. Tout d’abord, le distributeur s’attaque à ce qu’il appelle la « vision erronée de GPA », qui prétend que la fusion avec Carrefour Brésil assurerait un doublement du chiffre d’affaires réalisé sur le segment des hypermarchés, alors que celui-là même connait une « décroissance continue ». Casino en profite au passage pour critiquer les synergies annoncées, « fortement surévaluées », et parle de « deux réseaux en concurrence frontale ».
Le meilleur pour la fin, Casino s’attaque directement à Carrefour. En effet, si elle se réalisait, l’opération donnerait au distributeur français une prise de participation minoritaire dans le groupe Carrefour. Et Casino de qualifier cette éventualité de « choix d’investissement risqué, compte tenu des doutes exprimés par les marchés sur [la] stratégie [de Carrefour], du fait de sa surpondération sur les marchés matures à faible croissance et sur les formats de magasins les moins porteurs de croissance » !
Mais ce n’est pas tout ! Dans le même temps, l’Etat brésilien, pas l’intermédiaire de la Banque Nationale Brésilienne de Développement (BNDES) a lâché Carrefour ! En effet, le projet de fusion du distributeur CBD avec la filiale locale de Carrefour devait initialement se faire avec le soutien de cet organisme. Il est fort probable que les vigoureuses protestations de Casino soient en parti responsable de ce recul. Dans la foulée, le titre de Carrefour a perdu près de 4% à la Bourse de Paris…
Renaud Murail, gérant d’actions chez Barclays Bourse, expliquait que sans l’appui de la BNDES, l’opération brésilienne de Carrefour est « très compromise ». Il ajoute également que le distributeur français « accumule les échecs, […] [comme] pour l’introduction en Bourse de sa filiale immobilière Carrefour Property qui a été suspendue. Sa stratégie à court terme ne paye pas ». C’est bien l’impression générale du moment…