La nutrition infantile est un secteur majeur pour les deux géants de l’agroalimentaire français et suisse, Danone et Nestlé. En effet, elle ne représente par exemple pas moins de 18% du chiffre d’affaires du groupe tricolore, qui possède les marques Milupa et Blédina. C’est donc tout naturellement que lorsque le laboratoire américain Pfizer a annoncé qu’il songeait à vendre ses activités de santé vétérinaire et de nutrition infantile que les deux colosses se sont penchés sur le dossier de ce dernier.
Le pôle mis en vente en juillet 2011 par Wyeth, filiale de Pfizer, comprend le lait maternisé SMA et des produits à destination des bébés et des jeunes enfants. Il a dégagé l’an dernier un chiffre d’affaires de 1,9 milliards de dollars, dont plus des trois quarts ont été réalisés dans des pays émergents, étant donné que la filiale est présente dans plus de 60 pays du globe. Une aubaine pour le numéro 1 (Nestlé) et le numéro 3 (Danone) de la nutrition infantile, dont les activités dans ce domaine progressent de près de 10% chaque année. Ils y voient ainsi l’opportunité d’accélérer leur développement, notamment dans les pays émergents qui représentent un très fort potentiel de croissance.
L’acquisition du pôle a néanmoins un coût : les analystes l’estiment à environ 10 milliards de dollars. Une somme non négligeable pour Danone qui a déjà déboursé beaucoup pour acheter d’autres sociétés du secteur :
- le néerlandais Numico en 2007,
- ou le groupe indien Wockhardt actuellement, devenant ainsi numéro 2 de la nutrition infantile dans ce pays.
De plus, des problèmes de concurrence pourraient être rencontrés dans le Royaume-Uni et en Australie. La transaction serait donc plus aisée du côté de Nestlé, qui possède entre autres la marque Gerber. Néanmoins les autorités antitrust mexicaines, sud-américaines et asiatiques pourraient s’opposer au projet. Les chances sont donc à peu près égales, et les deux géants feraient figure de favoris selon une source bancaire citée par l’agence Reuters. Il est intéressant de noter que le numéro 2 de l’alimentation infantile, l’américain Mead Johnson Nutrition, a annoncé préférer se concentrer sur sa croissance organique plutôt que sur de possibles fusions ou acquisitions.
Toutefois, selon un porte-parole de Pfizer, « aucune décision n’est attendue avant 2012 », et une transaction potentielle pourrait prendre 12 à 24 mois… La patience sera donc de mise. Un tel achat tendrait à illustrer l’une des stratégies majeures du secteur de l’agroalimentaire actuellement : le rapprochement vers des professionnels de la santé, à l’image de l’essor des alicaments.