A Saint-Aquilin, près de Périgueux (24), Jules Charmoy élève des vaches en agriculture biologique. Avec un autre agriculteur, Benoît Delage, il a lancé une drôle d’idée au sein de sa Cuma : et s’ils utilisaient de la graisse de canard pour fabriquer du biodiesel ? Aussitôt dit, aussitôt fait. La « recette » est bien maîtrisée : « dans un estérificateur, on chauffe la graisse à 120°C pour éliminer l’eau. On réduit ensuite à 65°C, on met de l’alcool et de l’hydroxyde de potassium. On agite pendant une heure, on laisse décanter : au fond, la glycérine se forme avec, au-dessus, le biodiesel », explique M. Charmoy. Ce projet expérimental permet aujourd’hui à la Cuma composée d’une cinquantaine d’agriculteurs du secteur d’alimenter un camion, une voiture et un tracteur. Néanmoins M. Charmoy concède que « avec des moteurs d’il y a 8, 10 ans, ça marche très bien. Avec les nouveaux, bourrés d’électronique, c’est plus dur ». L’année dernière, ils ont produit 20 000 litres de biocarburant. La graisse provient de restaurateurs périgourdins, qui bien souvent ne savent pas comment s’en débarrasser. Une démarche qui profite à tout le monde, en somme. Le tout en toute légalité : « on s’en tient à un mélange 30% biodiesel/70% gasoil », conformément à la loi. Cette dernière interdit d’ailleurs aux particuliers de rouler avec de l’huile de friture alors qu’une directive européenne de 2003 autorisant les agrocarburants n’a jamais été transposée en droit français… En tout cas, voilà une bien belle démarche qui a pour objectif le « multiplication » d’expériences similaires pour favoriser les « circuits courts » et le recyclage local des déchets.