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Dis-moi où tu fais tes courses, je te dirai quel poids tu pèses !

Le lieu dans lequel on fait ses courses n’est pas si anodin qu’il y paraît. Une étude de l’Inserm parue dans la revue PlosOne montre une association entre la fréquentation de certains hypermarchés et enseignes “hard discount” et l’excès de poids des clients. Si aucun lien de cause à effet ne peut être établi à ce stade, ces résultats suggèrent toutefois que ces supermarchés pourraient constituer de nouveaux lieux d’intervention pertinents pour mener des actions de prévention nutritionnelle.

Comprendre les disparités liées au surpoids

Pour en savoir plus sur les disparités sociales et territoriales des populations en matière d’excès de poids, une équipe de l’Inserm s’est intéressée aux lieux habituels d’achats des produits alimentaires. Pour cela, elle a interrogé 7131 personnes habitant dans dix quartiers parisiens et 111 villes de banlieue sur leurs habitudes d’achats. “Aux États-Unis, il existe de nombreuses études sur les relations entre l’environnement alimentaire et les comportements alimentaires mais en France nous manquons de données probantes. Or, la distribution inégalitaire du surpoids risque de peser défavorablement sur la santé de certaines populations. De ce fait, il est important d’identifier les facteurs liés aux caractéristiques individuelles, du quartier de résidence, mais également des supermarchés fréquentés, qui contribuent à ces disparités”, explique Basile Chaix (UMR-S 707 Inserm – UPMC), responsable du projet de recherche.

Périmètre abdominal et type de supermarché fréquenté

Les auteurs ont demandé à ces personnes où elles faisaient le plus souvent leurs courses et ont listé précisément tous les magasins de quartier et les supermarchés fréquentés par les participants, soit 1097 au total. Ils ont ensuite examiné le lien entre ces supermarchés, l’indice de masse corporelle et le périmètre abdominal des personnes les utilisant. “Dans ce travail, nous avons tenu compte de nombreuses variables afin de chercher à isoler les liens entre profil métabolique et lieu d’achats“, explique Basile Chaix. Les auteurs ont ainsi intégré à leur modèle des facteurs socioéconomiques individuels comme le niveau d’instruction ou de revenus, mais également du quartier de résidence en s’appuyant par exemple sur le niveau d’instruction des populations ou les prix de l’immobilier. Enfin, ils ont inclus plusieurs caractéristiques concernant les magasins (enseigne, type, taille, etc.).

Les hypermarchés et les hard discount montrés du doigt

Les résultats montrent que les personnes fréquentant un même magasin ont un profil métabolique proche. En outre, certaines enseignes sont associées à un indice de masse corporelle et un périmètre abdominal plus importants. C’est le cas de certains hypermarchés mais surtout des magasins hard discount, notamment chez les personnes à faible niveau d’instruction. Pour Basile Chaix, ces associations renvoient à deux hypothèses explicatives concurrentes ou complémentaires. “On peut se demander si certaines enseignes constituent un environnement alimentaire défavorable ou si les associations observées sont liées à un défaut d’ajustement de notre modèle qui ne tient pas compte des préférences alimentaires, précise-t-il. Il faut donc aller plus loin dans les investigations”.

Des lieux d’intervention privilégiés

L’étude réalisée ne permet donc pas d’établir un lien de cause à effet entre les enseignes de supermarché et le profil nutritionnel de leurs clients. Néanmoins, “que ce lien soit causal ou non, cette étude montre que les supermarchés constituent un lieu potentiellement pertinent pour développer des interventions (diffusion de messages nutritionnels ou autres actions de santé publique) et permet d’identifier ceux dans lesquels de telles interventions sont plus particulièrement utiles pour s’attaquer à l’épidémie d’obésité et à sa distribution inégalitaire“, conclut Basile Chaix.

 

Source : agro-media.fr avec le site www.science.gouv.fr et l’étude parue dans PLoS ONE.

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