La Mairie de Paris a saisi l’Autorité de la Concurrence, estimant que le distributeur Casino était en position dominante dans la capitale. Selon la ville, l’enseigne bénéficierait de 60% de parts de marché intra-muros grâce à ses filiales Franprix, Leader Price, Spar, Vival ou encore Chez Jean. L’Autorité de la Concurrence, après analyse de la situation, a considéré que « le groupe Casino, grâce à sa participation dans Monoprix, détient une part de surface supérieure à 60% et plus de trois fois supérieure à celle de son principal concurrent, le groupe Carrefour ».
Ce que le distributeur, pour sa part, réfute, comme l’explique un article du Figaro. En effet, Casino affirme que ses parts ne dépassent pas 38,5%, en se basant sur trois études internes. Casino insiste aussi sur le fait que les résidents parisiens ne restent pas intra-muros pour faire leurs courses car ils ont aussi recours à internet, se déplacent jusqu’aux hypermarchés de banlieue, fréquentent les marchés ou encore les enseignes de distribution spécialisées comme Picard. Tous ces canaux de distribution n’ont pas été pris en compte par l’Autorité de la Concurrence.
Mais les arguments de Casino n’ont pas fait mouche et cette dernière est restée intransigeante ; Bruno Lasserre, le président, estime : « avec ses différentes enseignes, le groupe Casino occupe une position très forte à Paris. » Seulement, il reconnait aussi « ne pas avoir constaté d’abus » de la part du groupe stéphanois et a admis que « la réussite de Casino peut être imputée à sa stratégie et à ses mérites propres », reconnaissance que le distributeur a salué.
Les prix pratiqués au sein des enseignes du distributeur sont un autre sujet de conflit. Pour Etienne Pfister, rapporteur général adjoint de l’Autorité de la Concurrence, « selon nos relevés, les prix des marques nationales sont entre 2% et 15% plus élevés chez Franprix que chez ses concurrents locaux. Les marges nettes réalisées rendraient possible une diminution des prix si la concurrence était plus intense ». Casino, au contraire, maintient que ses prix sont « compétitifs ».
Face à ce constat, l’Autorité a proposé trois mesures visant la « fluidification » du marché, autrement dit le recul de Casino. Elle estime qu’ « à un horizon raisonnable, la position de Casino ne peut être remise en cause par la seule ouverture d’autres supérettes ».
- La première mesure serait de forcer le distributeur stéphanois à céder certains de ses points de vente à l’un de ses concurrents. Seulement, la LME ne prévoit ce type de mesure qu’en cas d’abus de position dominante. Or, Casino est bien en position dominante, mais n’en abuse pas. De fait, l’Autorité souhaiterait modifier cette disposition légale afin de pouvoir intervenir en cas de position dominante, même sans abus. Un point de vue que le secrétaire d’Etat au Commerce, Frédéric Lefebvre, ne partage pas ; selon ses propos rapportés par Le Figaro, « les lois existent suffisent ».
- Deuxième mesure : faciliter les changements d’enseigne par les franchisés grâce à la future loi sur les contrats d’affiliation. Seulement, l’Autorité a du reconnaître que quitter Casino était déjà aisé pour un franchisé, et que très peu d’entre eux s’y étaient résolus.
- Troisième et dernière mesure : faciliter l’ouverture de supermarchés et d’hypermarchés intra-muros en supprimant la procédure administrative pour les magasins de 1 000 m² qui est assez lourde. L’adjointe au maire de Paris chargée du commerce a cependant reconnu que la place disponible ne permettrait que « deux ou trois hypermarchés supplémentaires ».
Autrement dit, pas facile de déloger légalement Casino !