Finesse accrue de la caractérisation des produits, mesure de la bio-accessibilité ou encore problématiques de biocontrôle… Avec une croissance attendue de plus de 5 % par an, le contrôle-qualité devrait continuer de tirer vers le haut le marché des fournitures de laboratoire dans ce secteur. Dans le cadre de Forum LABO 2017, cette étude met ainsi en lumière une dynamique positive, avec des potentiels de marché intéressants dans les prochaines années pour les fournisseurs de laboratoire.
Dans une étude réalisée par la société de conseil ALCIMED pour le CIFL (Comité Interprofessionnel des Fournisseurs de Laboratoire), sur le potentiel de marché, les pratiques et les besoins exprimés sur les différents maillons de la chaîne de valeur (des semenciers aux laboratoires d’analyse), le secteur de l’agroalimentaire se démarque.
Des besoins axés sur la qualité, la sécurité et la durabilité des produits
Avec plus de 16 000 entreprises et 440 000 emplois, l’agroalimentaire est le premier secteur industriel français. Le pays accueille aussi bien des « fleurons » nationaux (Danone, Lactalis, Soufflet, Roquette, etc.) que les succursales des groupes étrangers (Mondelēz International, Nestlé, etc.). Aussi, des laboratoires de R&D de premier plan détenus par ces entreprises côtoient pas moins de 1 500 sites de production répartis sur tout le territoire, en particulier dans certaines régions historiques de la filière comme le Nord-Pas-de-Calais ou la Bretagne. Ces acteurs doivent aujourd’hui s’adapter pour répondre à des tendances de marché fortes, avec des consommateurs en attente de produits plus innovants et diversifiés, mais également d’informations renforcées sur leur composition et leur origine.
En parallèle, la réglementation se renforce depuis une vingtaine d’années aux niveaux français et européen sur l’étiquetage nutritionnel (Loi Santé 2016) ou l’agriculture biologique (révision du règlement afférent avec une entrée en application en 2018) par exemple, avec l’objectif de protéger davantage les consommateurs et de fournir une réponse rassurante aux récents scandales sanitaires (grippe aviaire, vache folle…). Pour accompagner ces évolutions, les technologies d’analyse utilisées se renforcent avec notamment la démocratisation du séquençage ADN pour la caractérisation des produits tandis que les outils de diagnostic gagnent en richesse, précision et rapidité. Parmi les principales thématiques de recherche des entreprises du secteur, on trouve ainsi une finesse accrue de la caractérisation des produits, la mesure de la bio-accessibilité ou encore les problématiques de bio-contrôle. L’objectif est d’orienter la filière vers davantage de qualité, de sécurité et d’éco-durabilité, générant notamment des besoins renforcés en instrumentation (pH-métrie, granulométrie, spectrométrie de masse, etc.).
Le contrôle-qualité, une part toujours croissante sur ce marché
L’évolution du secteur amène à un renforcement des moyens dédiés aux contrôles Qualité qui représente en conséquence plus de la moitié des dépenses des laboratoires de l’agroalimentaire sur un total estimé à près de 240 M€. En cohérence avec cette importance du contrôle, les postes de l’instrumentation et des réactifs/produits chimiques concentrent 60 % du marché actuel.
Toutefois, les volumes varient fortement selon les activités considérées. Ainsi, les entreprises de la 1ère transformation (meunerie, laiterie, abattage, etc.) et de la 2nde transformation (pâtisserie, charcuterie, etc.) représentent encore plus de 70 % des dépenses. Avec 25 %, les laboratoires d’analyse qui interviennent comme prestataires pour les entreprises agroalimentaires représentent également un segment important dans le sillage d’une externalisation croissante des analyses. Enfin, les semenciers représentent un marché plus restreint (< 10 M€).
De bonnes perspectives pour les deux années à venir
Avec une croissance attendue de plus de 5 % par an, le contrôle qualité devrait continuer de tirer le marché des fournitures de laboratoire. De même, les semenciers et les acteurs de la transformation devraient connaître la progression la plus importante de leurs dépenses de laboratoire en raison de l’intensification des contrôles qualité réalisés. En revanche, les perspectives sont plus mitigées pour les laboratoires d’analyse, avec une stagnation attendue du marché. Les laboratoires se sont ainsi engagés depuis plusieurs années dans une politique de rationalisation des achats avec pour objectif de diminuer leurs coûts et de rester compétitifs dans un contexte concurrentiel intense. Le potentiel du marché au global pourrait également être limité par la situation économique fragile de filières telles que les boissons ou les huiles végétales.
Par ailleurs, des mouvements dans le secteur font peser des incertitudes sur les investissements en fournitures de laboratoire de certaines de ses entreprises leaders. Ces mouvements peuvent être des fusions-acquisitions d’ampleur, à l’image du rachat récent de Monsanto par Bayer, ou des transferts d’activité comme le rachat par le fonds américain d’investissement Brakes Group en 2015 de Davigel, filiale de Danone spécialisée dans la vente de produits surgelés et réfrigérés pour la restauration collective. Malgré ces menaces, le marché du laboratoire dans les secteurs agro/agri pourrait rester orienté à la hausse. Autre élément favorable au marché, l’innovation au sein des laboratoires de la filière devrait par ailleurs être stimulée par plusieurs appels à projets lancés à horizon 2017 dans le cadre du 3e volet du Programme d’Investissement d’Avenir. Le RCAD (Reconquête de la compétitivité des outils d’abattage et de découpe – 50 M€) ou encore le PS2A (Projets structurants des filières agricoles et agroalimentaires – 35 M€) sont ainsi autant de projets à l’impact positif pour le marché du laboratoire.