Lundi, Michel-Edouard Leclerc publiait sur son blog, michel-edouard-leclerc.com, un billet dont il a le secret, et qui donnait clairement sa position sur les trois dossiers chauds de l’agroalimentaire : le naufrage de Doux, la rupture de livraison de Bigard et la reprise de Fralib.
Avec un petit coup de coude au passage pour le président de l’ANIA Jean-René Buisson, l’emblématique patron des distributeurs du même nom explique que, bien qu’il y ait encore des « tensions sur les tarifs agroalimentaires », ses fournisseurs « ne se plaignent pas des 7% de croissance (donc de débouchés) que l’enseigne leur offre en ce moment ».
Concernant Bigard tout d’abord, Michel Edouard Leclerc donne sa position : « c’est Jean-Paul Bigard qui avait pris le risque de la rupture de livraison, réitérant ainsi l’initiative qu’avait prise Emmanuel Besnier l’année dernière (soldée depuis par une réconciliation). Monsieur Bigard, par ailleurs grand chef d’entreprise, avait surpris tous ses clients en criant très fort.
Les distributeurs ne voyaient pas pourquoi ils devaient jouer le rôle de boucs émissaires. Les hausses demandées étaient vraiment élevées !!! Depuis, tout le monde essaie de calmer le jeu. Nos adhérents ont su tirer un trait sur les mauvaises polémiques. Ils ont fait ce qu’il faut pour que les points de vue se rapprochent et que l’industriel revienne sur sa décision. On reste à l’écoute ».
Pour Doux, accusé par un journaliste d’être responsable, en tant que distributeur, du naufrage du groupe volailler, Michel Edouard Leclerc se défendait : « je n’ai pu m’empêcher de rappeler que le principal candidat à la reprise (LDC) était aussi notre fournisseur. Si l’on voulait nous accuser du malheur de l’un, il faudrait au moins nous créditer de la capacité financière de l’autre ! »
Pour le patron des centres Leclerc, « l’enjeu pour Doux, c’est de redéfinir une stratégie industrielle moins dépendante des marchés internationaux. Et c’est la recapitalisation de l’entreprise pour sauvegarder des milliers d’emplois industriels et agricoles en Bretagne.
Les banquiers et les conseillers d’Arnaud Montebourg préfèreraient tourner la page de la gouvernance familiale. Ce n’est pas à nous d’en juger. Mais pour l’heure, les Centres E. Leclerc restent fidèles, sont à l’écoute des demandes tarifaires récentes, sans préjugé aucun. Et Charles Doux a remercié publiquement le soutien de nos adhérents bretons ».
Enfin, concernant Fralib, Michel Edouard Leclerc revient sur le projet de SCOP des salariés dans lequel le site fabriquerait des sachets de thés à marque de distributeur. « Nos adhérents ne croient pas que le marché soit suffisant pour garantir l’emploi ne serait-ce que de cinquante personnes. D’autant que si Unilever a quitté ce site, c’est pour en reporter la production sur un autre ».
Concernant l’autre projet de reprise par Sibell, le fabricant de chips, dont nous vous parlions dans un précédent article, pour Michel Edouard Leclerc, « le marché des chips MDD est autrement plus important que celui des sachets de thé ». « Mais cette solution, de toute façon, nécessiterait que d’autres distributeurs (Serge Papin est sur la même longueur d’ondes) ouvrent leurs débouchés à cette nouvelle production ».
« Des dossiers comme ceux-là se comptent sur les doigts d’une main. Personne ne conteste qu’en cette période de crise, il est plus difficile pour un industriel (surtout s’il est mono-produit) que pour un distributeur d’adapter sa stratégie.
Mais je ne vois pas l’intérêt pour les industriels eux-mêmes de chercher aujourd’hui à casser l’image de leurs clients, surtout s’il s’agit de les solliciter, demain, pour leur demander un coup de main. Peut-être que certains de nos fournisseurs, dont je pourrais rappeler les bons résultats actuels seraient-ils bien inspirés d’en toucher un mot et de rappeler à l’ordre leurs représentants dans les Fédérations. »
Source : agro-media.fr