Les producteurs de fruits et légumes sont excédés et le font savoir. En effet, après avoir tiré la sonnette d’alarme le 2 août dernier et face à l’absence de réaction de la grande distribution et du gouvernement, ils ont décidé de passer à l’action. Ainsi, jeudi 11 août 2011, environ 200 maraîchers se sont réunis sur l’autoroute A7, au péage de Lançon-de-Provence. Provenant des Bouches-du-Rhône, du Gard et du Vaucluse, les producteurs ont commencé à contrôler les camions frigorifiques transportant des fruits et légumes en provenance d’Espagne. Trois poids-lourds ont été victimes de ces contrôles et ont vu leur chargement déversé au beau milieu de la chaussée : pêches, nectarines, poires et figues espagnoles, ainsi que des oranges d’Afrique du Sud se sont ainsi retrouvées sur la route. Suite à cela, sous l’œil d’une cinquantaine de gendarmes, les maraîchers ont ouvert les barrières de péages aux automobilistes, leur permettant ainsi de passer gratuitement. Ces actes sont un appel à l’aide de toute une profession. Ainsi, Claude Rossignol, président de la Fédération Des Syndicats d’Exploitants Agricoles (FDSEA) des Bouches-du-Rhône a crié sa colère : « Est-ce que l’on veut encore des producteurs de fruits et légumes dans nos régions ? Est-ce qu’on veut encore des productions de qualité ? ». Ce que les maraîchers veulent, c’est un « plan de sauvetage », des mesures pour les aider, alors que leur filière « se meurt dans l’indifférence générale ».
Déjà victimes d’une défaveur des consommateurs suites aux conditions météorologiques déplorables de cet été et à l’affaire Escherichia coli qui a sévi en Allemagne, ils doivent également se heurter à la concurrence d’autres produits tels que les produits espagnols, qui inondent le marché français. Ces fruits et légumes à bas coût ne sont pas soumis aux mêmes contraintes que la filière française, comme les calibres minimum imposés, et peuvent utiliser des produits phytosanitaires interdits dans l’hexagone. Un producteur de poires situé à Noves (13) s’est ainsi indigné de trouver dans un camion des poires qu’il n’aurait jamais le droit de commercialiser : « Ca, c’est interdit chez nous. Nous, on ne peut pas vendre des poires d’un calibre inférieur à 60 mm. Celles-ci ne font même pas 55 ! ». Au même calibre, les siennes seraient utilisées dans l’industrie agroalimentaire en étant achetées à des prix dérisoires… Français et espagnols ne jouent pas à armes égales, et cette situation ne peut plus durer pour les producteurs nationaux, qui souffrent de ces distorsions de concurrence.
La FNSEA, JA, Légumes de France et la FNFPFruits sont néanmoins parvenus à une première prise de conscience et ont indiqué jeudi dans un communiqué : « A notre initiative, une réunion extraordinaire du conseil spécialisé fruits et légumes de FranceAgriMer se tiendra mercredi 17 août. Nous attendons la présence de tous les acteurs de la filière afin que des décisions d’urgence soient prises et permettent aux exploitants de retrouver de l’oxygène ».