Vous avez récemment envoyé une lettre ouverte au Premier ministre avec les présidents de l’Ania et de la FNSEA. Vos doléances s’appliquent-elles également aux coopératives ?
Nous avons adressé cette lettre à Manuel Valls car le secteur agroalimentaire et les coopératives en particulier sont en souffrance. Le pouvoir d’achat des Français est en baisse. L’épouvantable guerre des prix et la pression concurrentielle de la grande distribution sur les marges empêchent les entreprises et les coopératives d’investir. C’est problématique car nos concurrents en Europe et ailleurs continuent d’investir dans la recherche et développement et dans l’innovation industrielle. Les coopératives sont d’autant plus handicapées qu’elles ne sont finalement pas éligibles au CICE, alors que le gouvernement nous avait donné des garanties à ce sujet. Globalement, le moral n’est pas très bon.
Que faire pour y remédier ?
Le gouvernement doit agir plus vite et mettre en place le pacte de responsabilité. Grâce à notre observatoire de l’emploi, nous avons établi qu’il était possible de créer 50 000 emplois dans les coopératives agricoles en France. Et si je dis qu’on peut le faire, c’est réaliste. Pour cela, il faut bien sûr que les mesures engagées se concrétisent. Mais les coopératives sont peu connues des parlementaires et des membres du gouvernement. Nous n’avons malheureusement pas assez d’influence sur les dirigeants.
Est-ce la raison pour laquelle vous avez lancé une vaste campagne de mobilisation autour des coopératives agricoles et agroalimentaires cette année ?
Nous voulons en effet faire connaître et reconnaître la coopération agricole. Pour cela, nous avons lancé un projet se décomposant en quatre axes. Nous misons tout d’abord sur une communication accrue, à destination du public et des décideurs. Nous voulons ensuite renforcer la formation avec la création d’un Institut de la formation coopérative. Nous souhaitons également consolider notre force de lobbying en France et en Europe. Enfin, nous allons développer notre stratégie à l’export, en analysant les forces et faiblesses de chaque secteur de la coopération agricole.
Si cette campagne est une réussite, quels sont les projets pour la suite ?
Nous cultivons l’espoir qu’un jour, le consommateur aura envie de faire le choix de la coopérative comme un geste citoyen, permettant de soutenir un modèle économique, où les revenus sont reversés directement aux producteurs. Nous réfléchissons à la création d’un logo pour identifier les produits issus de la coopération.
Retrouvez notre analyse sur les coopératives, poids lourds discrets du secteur agroalimentaire