La Commissaire européenne Maria Damanaki était attendue au tournant mardi dernier. Elle venait en effet à Paris pour présenter le texte de sa réforme de la Politique Commune des Pêches (PCP). Malgré les efforts déployés, les professionnels de la filière sont loin d’être convaincus… Du côté français, on clame haut et fort que la copie européenne est à revoir. Le texte ne risque donc pas d’être validé demain. Trois principaux points concentrent les critiques des professionnels.
- Tout d’abord, le Rendement Maximum Durable (RMD), autrement dit les quotas. Leur objectif est d’harmoniser au mieux rentabilité des entreprises de pêche et gestion des stocks de poissons dans les eaux communautaires. Si tout le monde s’accorde sur le fond, c’est sur les dates imposées que le bât blesse. Bruxelles a ainsi fixé la limite à 2015, or selon la profession « 2015 est un objectif impossible ». De même, les scientifiques admettent qu’ils n’auront jamais le temps d’évaluer tous les stocks de poissons d’ici 2015. Du côté français, on clame que la RMD sera instaurée en 2015 quand cela est possible, mais en 2020 sinon…
- Autre cause de conflit : les rejets. Les poissons non valorisables, qui sont actuellement rejetés en mer, devront à présent être ramenés à quai et être transformés en farine pour nourrir l’aquaculture. La Commission a présenté l’objectif à terme : « zéro rejet ». Or, « les bateaux sont totalement inadaptés », selon Pierre-Georges Dachicourt, président du Comité National des Pêches (CNPM). « A peine deux ans pour mettre en place la logistique, c’est carrément impossible ». Ainsi, si la profession est d’accord pour réduire les rejets, il faudra lui donner du temps…
- Enfin, la présentation des Quotas Individuels Transférables (QIT) était très attendue car l’ensemble de la profession s’y opposait fortement. Même les ONG se sont rangées du côté des pêcheurs pour dénoncer cette mesure. La Commission européenne souhaite la mettre en place pour réduire la surcapacité de nos flottes et de laisser ainsi le marché se réguler. Elle a présenté l’exemple des pêcheurs islandais, qui ont mis en place les QIT. Or, il ne reste qu’une centaine d’acteurs dans la profession qui concentrent tous les droits de pêche, et les pêcheurs artisanaux ont disparu… La CFDT s’est insurgée : « Bruxelles a totalement oublié le social ! ». Et Maria Damanaki a eu beau argué que des mesures seraient prises pour protéger les régions ou les flottilles, rien n’y a fait. On n’a donc pas fini de parler de cette réforme de la PCP.