La chute du clan Gbagbo est une bénédiction pour les chocolatiers ivoiriens. En effet, en usant à outrance de « la politique du ventre », définie par l’universitaire Jean-François Bayart comme une pathologie née dans les états africains après leur indépendance et qui consiste à retirer des avantages personnels d’une fonction politique, les Gbagbo ont sérieusement freiné la croissance de la production de cacao du pays. Pas moins de 400 milliards de francs CFA (615 millions d’€) auraient été détournés entre 2002 et 2008 par les nombreuses structures de gestion de la filière, selon un rapport KPMG.
Pour relancer le cacao ivoirien, il faudrait réévaluer les taxes sur les fèves qui ne permettent aux producteurs d’obtenir que 1,22€/kg, soit moins de la moitié du prix du marché, et protéger la production. Cette dernière fait vivre 20% de la population et est estimée à 1,3 million de tonnes en 2010, soit presque 1/3 du marché mondial. La déforestation, directement causée par l’avancée des cacaoyers d’Est en Ouest est importante : entre 1965 et 2005, 6,5 millions d’hectares ont disparu. Ainsi, il serait souhaitable que Cargill et Barry Callebaut, entre autres, investissent dans des cadres de certification type Rainforest Alliance, qui incitent les producteurs à respecter l’environnement et à éviter le travail des enfants, dans un contexte où la consommation mondiale ne cesse de progresser.