Marine Le Pen a lancé une polémique en déclarant le 18 février que la viande « distribuée en Ile-de-France » était « exclusivement » halal. S’en est suivi un vaste scandale autour de l’abattage halal, dénoncé pour sa cruauté envers les animaux et ses potentiels risques sanitaires. Si aujourd’hui tous les candidats à la présidentielle se sont emparés du sujet pour en faire un objet de communication, c’est bien la filière viande qui est la première à subir les conséquences de la polémique. En effet, elle craint l’impact de ce débat sur l’opinion publique et sur les consommateurs. Elle estimé avoir été « prise en otage par la politique et plus particulièrement par une candidate ».
L’interprofession du bétail et des viandes, Interbev, a tenu à rectifier ce qu’elle appelle de la « désinformation ». Ainsi, elle a souhaité avancer la date d’application du décret du 28 décembre 2011, qui oblige les abattoirs pratiquant l’abattage halal à justifier cette pratique par des commandes. Initialement prévue le 1er juillet 2012, l’application du décret sera anticipée, en accord avec le ministre de l’Agriculture. Interbev a aussi répondu dans un communiqué à la lettre ouverte de Marine Le Pen, dans laquelle elle affirme « ne pas être une menace pour la filière viande française ». Ainsi, l’interprofession lui répond point par point :
- 1. Plan d’aide à la modernisation des abattoirs
INTERBEV précise que ce travail de modernisation des abattoirs est déjà entamé depuis de nombreuses années en étroite collaboration avec le Ministère de l’Agriculture. Un décret et un arrêté du 6 février 2012 ont acté la mise en place de commissions inter-régionales des abattoirs.
- 2. Etiquetage des produits
INTERBEV rappelle que la filière viande française a été à l’initiative de l’étiquetage de l’origine de la viande bovine, rendu ensuite obligatoire par la réglementation européenne. Les filières françaises ont même été au-delà de cette réglementation via des accords interprofessionnels apportant aux consommateurs des informations complémentaires sur la catégorie et le type racial de l’animal.
- 3. Renforcement des labels de qualité
INTERBEV consacre la majorité de son budget communication à promouvoir la diversité de ses races et la qualité de ses viandes, aussi bien en France qu’à l’étranger compte tenu de l’ouverture récente de nouveaux marchés d’exportation.
- 4. Renforcement des taxes d’importation
INTERBEV précise que ces taxes relèvent de décisions internationales multisectorielles dans le cadre de l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce) que l’Union européenne et le gouvernement français sont tenus de respecter.
- 5. Contrat « cuisine française » dans la restauration
INTERBEV rappelle que, dans le cadre de la Loi de Modernisation Agricole (LMA), la filière viande est clairement engagée dans des démarches de valorisation de TOUS les circuits de distribution, y compris l’approvisionnement de proximité.
- 6. Instauration d’un prix minimum
INTERBEV se doit de respecter les règles qui régissent le droit à la concurrence au niveau international. Imaginer l’instauration d’un prix minimum relèverait d’une entrave à ces règles et ne pourrait être toléré par la Commission européenne et par l’OMC.
- 7. Autorisation de vente de gré à gré
INTERBEV souligne que depuis la crise générée par l’envolée des prix des matières premières, l’ensemble des filières agricoles a entamé un dialogue en vue d’aboutir à une gestion plus contractuelle de ces coûts et à une meilleure anticipation des fluctuations.
- 8. Encadrement des pratiques de la grande distribution
INTERBEV rappelle que l’Observatoire de la Formation des Prix et des Marges présidé par le Professeur Philippe Chalmin a précisément pour mission d’apporter toute la transparence sur les prix à tous les maillons de filière.
Source : agro-media.fr avec le communiqué d’Interbev.