La moisson 2019 s’achève en effet sur un excellent bilan en termes de quantité et de qualité de blé tendre. Le challenge sera néanmoins de taille pour la mise en marché en raison d’un volume considérable à commercialiser et d’un contexte mondial qui reste dominé par les blés d’origine mer Noire (Russie, Ukraine, Kazakhstan).
“Après avoir réalisé la 2ème meilleure récolte de blé tendre de son histoire avec 39.2 Mt, la France va désormais devoir relever un challenge de taille à l’export : commercialiser plus de 20 Mt de blé ! Une performance que nous n’avons atteint que 3 fois jusqu’ici», déclare Michel Portier, Directeur Général du cabinet Agritel, société experte en stratégies des marchés agricoles et agro-industriels.
La bataille commerciale s’annonce d’ores et déjà compliquée, comme en atteste la forte baisse des prix du blé qui ont perdu 15 €/t en rendu Rouen depuis le 1er juin 2019 et 40 €/t depuis un an. «Cette chute des prix s’explique entre autres par une récolte record en Ukraine : elle atteint 28.2 Mt de blé, soit la meilleure récolte de leur histoire», explique Michel Portier, qui complète «le pire est cependant évité avec une production de blé russe et kazakhe plus faible que prévue, conséquence d’un coup de chaud sur la fin de cycle». Au final, les exportations d’origine mer Noire devraient rester stables autour des 60 Mt. Elles laissent ainsi davantage de place aux autres exportateurs, dont la France, dans un contexte de hausse attendue des importations mondiales.
En Europe, la production gagne + 12.8 Mt mais reste limitée en raison de déceptions considérables sur la Péninsule Ibérique et sur les pays de l’Est. La situation est également mitigée chez les autres grands exportateurs avec des disponibilités canadiennes relativement stables, des disponibilités US qui progressent peu dû à de faibles surfaces semées et des disponibilités australiennes de nouveau réduites par une 2ème année de sécheresse.
Seule l’Argentine dénote avec une hausse des surfaces de +4 % et un climat favorable à un nouveau record de production. Agritel estime ainsi les stocks de blé chez les 8 grands exportateurs sur le même niveau que l’an passé, autour des 60.5 Mt, une situation intermédiaire et équilibrée.
«Avec la pression récolte et l’aide d’un euro faible, le blé français commence à être plus compétitif. Cependant, pour relever ce challenge de l’export, il devra absolument le rester jusqu’à la fin de la campagne. Cela limitera d’ailleurs le potentiel de hausse des prix ! », déclare Michel Portier.
Le marché français reste sur le fil du rasoir avec une situation de crise à craindre en cas de faibles exportations sur la 1ère partie de campagne. « Pour le moment, les espoirs restent permis ! », conclut Michel Portier.