Suite à l’annonce du premier ministre François Fillon quant à l’instauration d’une taxe soda, les professionnels de la filière du sucre s’insurgent. Ils dénoncent une mesure présentée comme en faveur de la santé publique alors que les récentes études et analyses d’experts démontrent que les mesures fiscales n’ont aucun impact sur les habitudes de consommation.
Nous vous présentions déjà la semaine dernière les différentes opinions concernant la taxe soda et interviewions pour vous le député Bernard Reynès. Cette fois, ce sont les professionnels du sucre qui affichent leur colère.
- Le Comité Européen des Fabricants de Sucre (CEFS) a dénoncé vendredi 26 août 2011 dans un communiqué de presse l’instauration de la taxe soda. Alors que François Fillon affichait comme objectif de cette dernière la lutte contre l’obésité, la profession dénonce une mesure « simpliste », dont l’efficacité « n’est pas démontrée ».
- La directrice générale du CEFS, Marie-Christine Ribera, a affirmé à l’AFP que : « Aucun aliment ou nutriment n’est nocif en soi, sinon il est purement et simplement interdit. Il n’est donc pas justifié de taxer de manière discriminatoire certains aliments ou nutriments ». Elle a de plus ajouté que « la recherche scientifique montre que la fiscalité n’est pas un instrument efficace pour modifier les comportements alimentaires du consommateur et n’aura aucune incidence sur les taux d’obésité ».
- Le Cedus (Centre d’Etude et de Documentation du Sucre) est arrivé au même constat : « les récentes analyses d’experts concluent à l’absence d’impact de ce type de mesures fiscales sur les comportements alimentaires et donc à l’absence d’éventuels effets positifs à terme sur le contrôle du poids ».
- L’INRA avait en effet mené en 2010 une étude sur les comportements alimentaires à la demande du ministère de l’Agriculture et avait conclu à propos d’une taxe nutritionnelle que « la capacité des politiques fiscales à modifier les comportements individuels n’est pas démontrée ». L’INRA avait également rappelé que des politiques de taxation des boissons sucrées étaient déjà menées aux Etats-Unis et n’affichaient aucun effet significatif sur les variations de poids des adolescents.
Cette taxe n’aurait donc aucun effet sur l’obésité. Marie-Christine Ribera suggère qu’ « informer et éduquer le consommateur » est « un moyen bien plus adapté pour encourager des comportements alimentaires sains. L’obésité est un problème complexe relevant de multiples facteurs : lutter contre l’obésité appelle donc des mesures moins simplistes qu’une nouvelle taxe ». Elle considère que la taxe soda est bien plus motivée « par des considérations budgétaires que de santé publique ». La santé publique serait-elle donc un leurre dissimulant des considérations purement financières ?