Après 20 heures de négociations, les ministres européens de la Pêche, réunis à Luxembourg, ont finalement voté un accord a minima concernant la réforme de la Politique Commune de la Pêche (PCP). Ce dernier est très loin du texte initial proposé par Maria Damanaki, la commissaire européenne en charge de la Pêche, en septembre dernier. En effet, les principales mesures œuvrant en faveur de la préservation des ressources marines ont été considérablement affaiblies dans ce nouveau texte.
Ainsi, l’un des principaux points d’achoppement, qui était l’interdiction immédiate des rejets en mer, a été purement et simplement abandonné. Sa mise en œuvre devrait être progressive, il faudra donc attendre « au moins » jusqu’en 2018 dans l’Atlantique et jusqu’en 2019 pour la Méditerranée avant de voir la mesure appliquée !
Les « concessions de pêche transférables », qui ont pour objectif de réduire la flotte européenne, en surcapacité, seront gérées au bon vouloir des différents Etats-membres, qui pourront à leur guise les mettre ou non en place. Autant dire que peu de pays devraient s’y mettre…
La proposition de la Commission de supprimer les aides à la flotte à partir de 2013 a également été supprimée.
Finalement, les Pays-Bas et la Suède ont rejeté le texte, estimant qu’il avait été vidé de sa substance. Au contraire, le Portugal, la Slovénie et Malte ont jugé qu’il accordait trop d’importance aux facteurs environnementaux !
Maria Damanaki, pour sa part, estime qu’il s’agit d’un « pas en avant », notamment grâce au fait que « des dates claires » ont été posées pour l’interdiction des rejets en mer.
Maria Damanaki
Les ONG sont bien entendu très déçues. Pour Xavier Pastor, le dicteur d’Oceana, le résultat est « très décevant ». Le WWF a quant à lui jugé ce compromis « très insuffisant », estimant qu’il « ne répond pas à l’urgence écologique ». « A l’heure où 75% des espèces commerciales pêchées dans les eaux européennes sont surexploitées, cet accord bâclé ne porte aucune ambition pour restaurer les populations de poissons et mettre en place une pêche durable seule à même de maintenir l’emploi. De manière honteuse, les ministres européens reviennent sur l’objectif de restauration des stocks de poissons décidés au sommet de Johannesbourg en 2002, et ce à une semaine du sommet de Rio ! » ne décolère pas Isabelle Autissier, présidente du WWF-France. L’ONG a insisté sur l’urgence de la situation, arguant que « la réforme de la PCP n’a lieu que tous les 10 ans, or dans 10 ans il sera trop tard » !
Source : agro-media.fr avec le communiqué du WWF, Le Télégramme et AFP.