A quelques jours de l’arrêt du fonds de solidarité, la France présentait encore un taux de factures impayées de 27%, ce qui représente 192Md€ de déficit pour la trésorerie des entreprises, annonce le communiqué du Tracker Sidetrade – BFM Business des impayés.
Au 08/10/20, après un été de forte hausse sur le front des impayés, les retards de paiement ont encore augmenté au mois de septembre (27% le 20 septembre, soit 38% de plus qu’avant la crise sanitaire). Depuis début août, la France est le pays présentant les plus forts impayés parmi les pays observés. L’analyse des retards de paiement aux USA (nouveau pays suivi par le tracker) montre que ces derniers ont été nettement inférieurs à l’ensemble des pays européens au plus fort de la crise.
Une hausse violente et durable des retards de paiement
Il y un mois, le tracker Sidetrade – BFM Business des impayés dévoilait “une hausse exceptionnellement violente et durable des retards de paiement” au mois d’août en France, culminant, le 21 août, à 28% de factures non payées 10 jours après leur échéance, pour ne redescendre qu’à 25% au 30 août, 6 points au-dessus du niveau préalable à la crise du Covid. Alors que l’on pouvait s’attendre à une baisse significative à la faveur de la rentrée, les retards de paiement se sont à nouveau intensifiés au mois de septembre. Le relevé du tracker au lundi 20 septembre indique un taux de 27% de factures impayées.
«Une situation préoccupante alors que le 30 septembre a marqué l’arrêt du fonds de solidarité après 18 mois de soutien aux entreprises touchées par la crise sanitaire et économique. Si l’on prend en compte la valeur du crédit inter-entreprises en France, estimé par la Banque de France à 722 Mrd€, 27% de factures bloquées par les retards de paiement au 20 septembre représentent une perte de 192Md€ de financement pour les entreprises françaises (contre 137Md€ en moyenne avant la pandémie)» analyse le Tracker Sidetrade.
Le commerce de détail, l’industrie manufacturière et les NTIC les secteurs les plus épargnés
L’analyse par secteur d’activités montre un relatif resserrement de l’écart entre les secteurs les plus faiblement, et les plus fortement touchés, à rebours de la tendance observée depuis le mois de mai. Alors que cet écart était de 36 points au 30 août, il n’est plus que de 24 points au 27/09. Les trois secteurs présentant le plus faible taux d’impayés sont le commerce de détail, l’industrie manufacturière et les NTIC. Les trois secteurs souffrant le plus des retards de paiement demeurent l’agroalimentaire (38%, -14 points en un mois néanmoins), les services publics et le secteur des services.
La France, le pays présentant les plus forts impayés
A part la France et l’Italie, les pays européens observés (Royaume-Uni, Espagne, Pays-Bas, Belgique) présentent des taux d’impayés globalement stable sur un mois, et toujours inférieurs à leurs niveaux pré-pandémie. Pour rappel, la France est depuis début août le pays présentant les plus forts impayés, une situation inédite depuis le 19 mars 2021. Avec un différentiel de 8 points par rapport à son niveau pré-pandémie (+38%), elle était, le 20/09, le pays le plus impacté par la crise.
Enfin, le tracker suit à présent l’évolution des comportements de paiement aux Etats-Unis. Il met en évidence, de manière rétroactive, la très bonne tenue des délais de paiement entre entreprises sur le territoire américain au-delà du 15 juillet 2020. Au plus fort de la crise, en effet, le 4 juin 2020, le tracker indique que 23,5% des factures émises par les entreprises américaines n’avaient pas été payées par les donneurs d’ordre, 10 jours après leur émission. Ceci constituait alors une augmentation de 45%par rapport au délais de paiement moyen observé avant la pandémie (16,2%).
Ceci est à mettre en perspective des différents pics observés en Europe sur la période, parmi les pays présentant une situation initiale comparable, souligne le Tracker. Ainsi, la France enregistrait le 16 mai 2020 un record à +98%, l’Espagne à +73% (30 mai) et l’Italie à +122% (2 mai). L’impact initial de la pandémie sur les comportements de paiement des entreprises américaines a été comparativement limité.
Le taux d’impayés remonte en revanche de manière substantielle aux USA depuis la mi-août, pour atteindre au dernier relevé 22%, ce qui représente une hausse de 36% par rapport à la situation pré-Covid.
*A propos du Tracker Sidetrade sur les retards de paiement des entreprises
Le tracker Sidetrade restitue, semaine après semaine, l’évolution des comportements de paiement de plus de 8,6 millions d’entreprises au sein de sept pays (France, Royaume-Uni, Belgique, Etats-Unis, Espagne, Italie, Pays-Bas). Sidetrade a analysé, depuis le 1er janvier 2020, plus de 162 millions de factures totalisant 300 milliards d’euros de transactions inter-entreprises. Le tracker est en libre accès pour l’ensemble des décideurs du privé et des pouvoirs publics.