Oui ! affirme l’Association Nationale des Industries Alimentaires (ANIA) face à l’annonce d’un projet d’alliance mondiale pour leurs achats des distributeurs Casino, Auchan et Système U. L’ANIA se dit très inquiète des conséquences d’une telle alliance pour l’ensemble de la filière et appelle notamment l’Autorité de la Concurrence, à prendre position sur la légalité de cette alliance, notamment en matière d’entente illicite.
L’association souhaite également s’assurer que ce montage, qui vise à mutualiser les achats au niveau international, n’est pas un moyen d’échapper à la loi française. Les entreprises alimentaires feraient ainsi face à seulement 3 centrales d’achat.
Les entreprises alimentaires affaiblies
Cette alliance, si elle aboutit, permettra à la centrale d’achat constituée de détenir à elle-seule 32% de parts de marché, « avec des pouvoirs décuplés pour maintenir une pression maximum et négocier des prix toujours plus bas auprès de tous leurs fournisseurs» dénonce l’ANIA.
«Ces mouvements de regroupements à l’achat, en cours depuis fin 2014, ont fortement amplifié la guerre des prix et sont en grande partie responsables de la destruction de valeur dans la filière alimentaire et spécifiquement pour l‘industrie alimentaire» affirme l’association. Ce regroupement ciblerait les achats des produits alimentaires des grands groupes de marques nationales vs les produits agricoles et les produits issus des PME ou ETI.
L’ANIA rappelle qu’aujourd’hui pour attirer les consommateurs dans leurs rayons, «les enseignes de la grande distribution se livrent une course au prix bas sur des produits très bataillés de grandes marques qu’ils vendent sans marge. Pour compenser cette perte de marge, ils appliquent de très fortes marges sur d’autres produits, notamment les produits agricoles (fruits, légumes, etc.) ou issus de PME locales». C’est tout l’objet du projet de loi alimentation en cours de discussion à l’Assemblée Nationale, qui doit permettre de rééquilibrer les marges sur l’ensemble des produits alimentaires consommés par les français afin de redonner de l’oxygène à tous les acteurs de la filière.
Une annonce qui intervient donc à un moment charnière, alors que les entreprises alimentaires ont dû faire face à une période de négociations commerciales 2018 particulièrement virulente. Pour l’Association Nationale des Industries Alimentaire, ce rapport de forces déséquilibré affaiblit les entreprises (aujourd’hui seules 4 centrales d’achat négocient la quasi-totalité des produits vendus dans les supermarchés français).