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Le label HVE au cœur de la tourmente

Le 2 décembre dernier, lors d’une conférence de presse, le syndicat agricole Confédération Paysanne soutenu par la filière Bio a pointé des dysfonctionnements concernant la certification environnementale des exploitations agricoles, certification publique issue du Grenelle de l’environnement.

Dénoncer « l’illusion de transition agroécologique que constitue la certification HVE », Haute Valeur Environnementale, tel était le but de la conférence de presse de La Confédération paysanne avec Agir pour l’Environnement, France Nature Environnement et le syndicat Synabio.

«Cette certification, créée en 2008 lors du Grenelle de l’environnement et effective depuis 2011, avait, à l’origine, été conçue comme une marche vers le bio et non comme une certification des produits. Elle est aujourd’hui détournée de cette intention initiale» estime La Confédération paysanne. «Mobiliser des moyens budgétaires conséquents, introduire la HVE comme critère d’attribution d’une partie des aides PAC du premier pilier … Trop d’indicateurs montrent que le gouvernement veut faire de la HVE l’outil majeur de la transition agricole, ce qu’il n’est absolument pas ! », dénonce Nicolas Girod, le porte-parole de la Confédération paysanne.

«On peut être HVE et utiliser des pesticides, des OGM, ne rien changer à ses pratiques grâce au mécanisme de points imaginé dans le système HVE», complète Claire Garrot, éleveuse en Mayenne et membre de la commission PAC de la Confédération paysanne.

Un crédit d’impôt HVE  de 76 millions d’euros

Pour Jacques Caplat, secrétaire général d’Agir Pour l’Environnement, «lors du consensus obtenu en 2008 lors du Grenelle, la HVE devait être une marche pour accompagner les changements de pratiques vers la bio. Et là elle risque de devenir une voie de garage. Nous ne sommes plus dans une transition mais dans une confusion».

«Aujourd’hui, deux options sont proposées aux agriculteurs pour être certifiés HVE : l’option A et l’option B. L’option B doit être supprimée, compte tenu des incohérences en termes notamment de biodiversité, d’usage des pesticides, de pollution des sols, de bien être animal… Concernant l’option A, nous appelons au sein de la commission nationale de certification environnementale à une forte amélioration du dispositif. Soit la HVE s’améliore, soit elle doit disparaître. Car oui, elle peut être un outil massif de greenwashing et de tromperie».

Pour Didier Perréol, le président du Synabio, le Syndicat des entreprises Bio de l’agroalimentaire : «A la base, il s’agissait d’une initiative intéressante jusqu’à ce que ce label soit vidé de sa substance initiale. Nous voyons bien que la HVE s’est majoritairement développée dans la viticulture, en quête d’une revalorisation de son image. Or c’est là où la bio est la plus avancée, soit 14% des surfaces. Il y a donc une vraie bagarre d’existence pour enrayer la montée de la bio en France qui va vite. Les pouvoirs publics vont allouer des crédits à la HVE qui n’a pas du tout fait ses preuves».

Le Sénat, dans le cadre de l’examen du PLF 2021, s’apprête à valider la création d’un crédit d’impôt HVE – de 76 millions d’euros – article introduit par voie d’amendement à l’Assemblée nationale avec l’accord du gouvernement. La Confédération paysanne a donc interpellé les parlementaires pour demander la suppression de cet article. Le sénateur écologiste du Morbihan, Joël Labbé, a déposé un amendement de suppression.

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