Deux études, l’une française et l’autre britannique, menées sur des abeilles, ont révélé les effets néfastes de deux pesticides pour ces dernières.
La première étude a été menée par l’INRA et l’ACTA et a étudié l’effet du thiaméthoxam, la molécule contenue notamment dans le Cruiser OSR, sur 653 abeilles. Une puce RFID a été collée sur le thorax des insectes et a ainsi permis de suivre leurs déplacements. Après administration de la molécule active à une dose non létale et proche de ce qu’ils sont susceptibles d’ingérer lorsqu’ils butinent des fleurs traitées, les chercheurs ont observé que les abeilles étaient désorientées et peinaient à retrouver leur ruche, étant donné que le pesticide perturbait leur système cérébral de géolocalisation. Un grand nombre d’abeilles a ainsi trouvé la mort lors de l’expérience.
La seconde étude, britannique, a été menée par des chercheurs de l’Université de Stirling (GB). Des colonies de jeunes bourdons ont été exposées à de l’imidaclopride (molécule active de l’insecticide Gaucho notamment), à des doses proches de l’exposition naturelle. Les scientifiques ont observé que le pesticide ne causait pas directement la mort des bourdons mais provoquaient des troubles de mémoire et d’orientation. De plus, les nids des bourdons exposés à l’imidaclopride étaient plus petits que la normale et produisaient 85% de reines en moins, par manque de nourriture.
Selon le chercheur britannique Dave Goulson, « trois espèces sur 27 de bourdons sont éteintes », et sept sont en danger.
Mickaël Henry, de l’INRA, a expliqué que « les procédures d’autorisation des pesticides demandent surtout aux fabricants de s’assurer que les doses rencontrées sur le terrain ne tuent pas les abeilles mais elles ont complètement négligé les conséquences de doses non létales, qui peuvent provoquer des problèmes de comportement ».
Les deux études ont été publiées dans la revue américaine Science le 30 mars 2012.
L’étude française, menée sur le thiamétoxam, a poussé le gouvernement à agir. En effet, il avait annoncé qu’il lancerait une procédure de retrait de l’autorisation de mise sur le marché du Cruiser OSR si de nouvelles données scientifiques venaient mettre en cause son innocuité. Au regard de cette nouvelle étude, le Ministère a saisi l’ANSES pour lui demander son avis. Ce dernier est attendu avant le 31 mai. Si l’ANSES confirme les résultats, le Ministère a annoncé que l’autorisation de mise sur le marché du Cruiser serait retirée. Le gouvernement a aussi demandé à l’INRA et à l’ACTA d’accélérer les recherches en plein champ, et a saisi la Commission européenne et l’EFSA afin de les interpeler sur ces nouveaux résultats.
Source : agro-media.fr avec le communiqué du Ministère de l’Agriculture, Science, Le Figaro (Marc Mennessier) et AFP.