Un récent rapport du cabinet Grant Thornton nous dévoile le sentiment général du secteur de l’agroalimentaire mondial avec quelques précisions sur le secteur agroalimentaire français. Si globalement un regain d’optimisme est observé, il est moindre que dans les autres secteurs. Ainsi, le nombre d’entreprises ayant une vision optimiste de l’avenir dépasse celles ayant une vision pessimiste de seulement 10% contre près de 28% dans les autres secteurs.
La crise a eu un impact sur les industries agroalimentaires et la période actuelle n’en est que la suite. Les industries ont donc vu les prix des matières premières s’envoler et n’ont pu augmenter leurs prix sous peine de voir les consommateurs délaisser leurs produits en cette période difficile. Les marges des industriels ont donc diminué.
Toutefois, l’optimisme semble être revenu parmi les industriels et ce grâce à plusieurs facteurs :
- Le premier est l’apparition de nouveaux modes de consommation ouvrant la porte à de nouveaux marchés.
- A cela s’ajoute une demande de plus en plus grande des consommateurs pour cuisiner eux-mêmes ainsi qu’une importance croissante quant à la consommation d’une nourriture saine.
- Afin de surfer sur ces tendances, nombre de sociétés tendent à élargir leur portefeuille de marques, notamment par le rachat d’autres sociétés.
Les industriels redeviennent aussi optimistes quant à leur chiffre d’affaires. Près de 62% des industriels pensent voir leur chiffre d’affaires augmenter en 2011 contre 40% seulement en 2010. 40% pensent même voir leur rentabilité augmenter contre 27% en 2010. Enfin, après deux années où les industriels n’ont pu que peu augmenter leurs prix et ont du rogner sur leur marges, ils pensent à 41% pouvoir augmenter leurs prix d’ici peu contre 12% en 2010. Le cabinet met toutefois un bémol pour la France où la pression des distributeurs dominant entièrement le marché est extrêmement forte. Vincent Frambourt, associé du cabinet Grant Thornton France déclare : « Les prix des matières premières se sont littéralement envolés et les industriels sont obligés de diminuer leurs marges. On a clairement une chute de leur rentabilité. Un gros client a réussi à augmenter ses prix de 5% ce qui est une bonne chose, mais face à une augmentation de 20% des matières premières ils n’ont pu maintenir leur rentabilité. »
Pour 62% des industriels, les priorités quant à leurs investissements dans les 12 prochains mois concernent le développement de nouveaux produits. En France, de nombreux groupes sont encore structurés autour des marques, il est donc difficile de créer ou de développer de nouvelles marques sans perdre le consommateur. Afin de profiter des opportunités offertes par les nouveaux marchés, les sociétés n’hésitent donc pas à racheter d’autres groupes pour agrandir leur portefeuille.
Enfin, parmi les contraintes les plus fréquemment exprimées par les industriels du monde entier, les règlementations apparaissent en premier pour 34% des industriels. En 2010 la première contrainte était la diminution de la demande pour 39% des industriels. En France, le cabinet pointe du doigt la taxe soda comme la réglementation qui va impacter le plus le secteur agroalimentaire. M. Frambourt déclare à ce propos : « nous savions déjà que notre gouvernement était très imaginatif après la création de la taxe pour le tabac et d’autres du même ressort. Bien entendu ils ont ensuite taxé l’alcool. Mais maintenant je ne sais pas où ils s’arrêteront. »
En conclusion, on voit donc que même si l’avenir commence à se dégager pour les industries agroalimentaires, la crise n’est pas totalement terminée et avec les perspectives négatives annoncées ces derniers jours par les agences de notation à l’égard de l’Europe et de la France notamment, aucune certitude n’est permise.