«Le secteur agroalimentaire, 1ère industrie du pays, acteur de la souveraineté alimentaire et de la relance économique ne pourra maintenir sa place sans création de valeur», tel est l’état de santé économique du secteur agroalimentaire dressé lors d’un point presse de rentrée par le président de l’ANIA, Jean-Philippe André, dans un contexte exceptionnel de flambée des matières premières agricoles et industrielles.
Selon l’ANIA (L’Association Nationale des Industries Alimentaires), si, durant la crise de la Covid 19, la majorité des entreprises ont pu maintenir leur production, « elles sont aujourd’hui à un tournant pour leur avenir ». «Comment les industries agroalimentaires peuvent-elle préserver leur souveraineté économique et industrielle, maintenir le rang de 1ère industrie de France qui leur revient, tout en poursuivant les engagements pour une alimentation plus saine et plus durable, quand le secteur subit depuis 8 ans une destruction de valeur sans précédent ? » s’interroge l’ANIA.
Son président a évoqué «un contexte économique particulièrement contraint» qui «se traduit par un effondrement des marges du secteur agroalimentaire (- 16 points en 13 ans et -40 % depuis 2007), un recul des capacités d’investissement et de production des entreprises. C’est dans ce contexte que les entreprises alimentaires sont aujourd’hui confrontées à d’importantes tensions sur les prix des matières agricoles et industrielles, auxquelles s’ajoutent désormais de fortes tensions sur le transport et la logistique».
Tensions sur les matières premières, transport, logistique
Les remontées de plus de 500 entreprises interrogées par l’ANIA ces dernières semaines font état de hausses des matières premières agricoles et industrielles. De +5% à +51% sur un an s’agissant des matières premières alimentaires notamment le blé (+26 %), les huiles (+39%), les fruits (+34%). Mesurés par la FAO, le prix des matières alimentaires augmente de 33 % sur un an, tandis que le prix des matières premières industrielles s’envole à 52 % selon l’Insee. De +3% à +59% pour ce qui concerne les matières premières industrielles.
Pour ce qui concerne les emballages, l’augmentation, telle que mentionnée par les entreprises, varie de +12 à +24% selon les matériaux utilisés. Dans ce contexte, les entreprises témoignent d’importantes tensions s’agissant du plastique (73 % des entreprises répondantes). C’est dans ce contexte que les entreprises alimentaires sont aujourd’hui confrontées à d’importantes tensions sur les prix des matières agricoles et industrielles, auxquelles s’ajoutent désormais de fortes tensions sur le transport et la logistique. + 86% pour le fret maritime et + 3% pour le transport routier remontées par les entreprises. «Enfin, les pénalités logistiques sont devenues intenables pour les entreprises. Concernant presque 40% des entreprises interrogées, les pénalités réclamées aux industriels par les distributeurs ont augmenté de 36% ces 3 dernières années. Elles représentent désormais en moyenne 0,4% du chiffre d’affaires des industriels, soit plus de 200 millions d’euros en année pleine», déplore l’ANIA. De manière globale, les entreprises anticipent une baisse de 7% de leur niveau de rentabilité en 2022, indique l’ANIA.
«Sans une prise en compte de ces contraintes dans le cadre des prochaines négociations commerciales avec la grande distribution, le secteur agroalimentaire continuera de se dégrader pour la 9ème année consécutive, menaçant sa capacité d’investissement pour répondre aux attentes sociétales des consommateurs et le maintien de l’emploi sur nos territoires ainsi que sa place à l’international. Dans ce contexte exceptionnel, tous les acteurs de la filière, agriculteurs, industriels et distributeurs, doivent prendre leur responsabilité et faire preuve de solidarité. Nous soutenons l’esprit de la proposition de Loi Egalim 2 mais nous serons vigilants aux effets de bord pour les entreprises afin de préserver la souveraineté alimentaire du pays», a conclut Jean-Philippe André, Président de l’ANIA.