S’apercevant que “malgré l’importance stratégique, économique et sociologique de l’alimentaire en France et l’intérêt qu’y portent les consommateurs, l’alimentaire – hormis sous l’angle “halal” – est très absent des débats“, l’Association Nationale des Industries Alimentaires (ANIA) a interpellé les candidats à l’élection présidentielle sur 11 questions importantes pour le secteur. L’ANIA a d’ores et déjà recueilli les réponses de six candidats, qui sont disponibles sur le site que l’association a réalisé à cette occasion.
Pour aller plus loin dans sa démarche, l’ANIA a aussi décidé d’interroger les français sur ces mêmes thématiques, pour avoir leur point de vue sur leur alimentation et sur le secteur agroalimentaire. Voici les conclusions auxquelles l’ANIA est parvenue :
“Premiers atouts des produits alimentaires : richesse de l’offre (9 Français sur 10 se déclarent satisfaits de la variété des produits alimentaires, dont près d’un quart « très satisfaits ») et conservation (qui satisfait 83% des Français).
Lorsqu’il s’agit de juger des qualités gustatives et nutritionnelles des produits alimentaires, l’appréciation des Français demeure positive, bien que plus en demi-teinte. Le goût des produits alimentaires emporte une relative satisfaction chez 7 Français sur 10. Concernant leurs aspects nutritionnels, une proportion semblable de la population se déclare « plutôt satisfaite », mais des efforts demeurent attendus sur l’information nutritionnelle présente sur les étiquettes de ces produits, qui répondent aux attentes de moins de 6 Français sur 10 (et qui y répondent pleinement pour seulement 6% d’entre eux). La qualité des ingrédients jouit en effet d’une appréciation positive, mais peu solide : si 65% en sont satisfaits, 60% ne s’estimant que « plutôt satisfaits ».
Si les consommateurs souhaitent avoir plus d’informations sur la composition et les apports nutritionnels de leurs produits alimentaires, cette demande n’est pas motivée par une inquiétude sur la sécurité sanitaire des produits : deux tiers des Français en sont satisfaits. Cette attente d’informations traduit une évolution du rapport à la consommation et de l’acte d’achat, quel que soit le produit considéré. Les Français exigent désormais la transparence pour une consommation « éclairée » et maîtrisée.
Le seul élément qui pèse lourdement dans l’appréciation des produits alimentaires reste les prix, seuls 2 Français sur 10 s’en estimant satisfaits.
Peu d’inquiétudes se font jour quant à la maîtrise des risques en matière de relation alimentation-santé. Les industries alimentaires françaises semblent mieux maîtriser les risques qu’il y a une dizaine d’année pour près d’un Français sur deux (44%), un tiers estiment qu’il n’y a pas eu d’amélioration en ce domaine (36% « ni mieux, ni moins bien »). Deux Français sur 10 jugent toutefois que les risques sont aujourd’hui moins bien maîtrisés.
Les Français font très largement confiance aux entreprises françaises de l’Industrie Alimentaire pour garantir la sécurité alimentaire. Plus de 7 Français sur 10 déclarent leur faire confiance.
Le grand public se montre très partagé sur l’efficacité de la diffusion de campagnes de sensibilisation en faveur d’une alimentation saine et équilibrée dans les médias (47% les jugent assez efficaces pour 42% qui les estiment peu efficaces).
Si l’enjeu santé n’est pas absent des perceptions liées à l’alimentation et aux produits alimentaires, c’est avant tout le rapport à l’alimentation, et non les produits en eux-mêmes qui sont incriminés. Pour l’obésité infantile, c’est avant tout une hygiène de vie qui semble être en cause pour les Français, qu’il s’agisse de l’augmentation du temps passé devant la télé et le manque d’activité physique (première des causes identifiée, pour 71% du grand public), du manque d’éducation alimentaire de la part des parents (61%) ou des modification des habitudes alimentaires et du grignotage (53%).
Les produits alimentaires ne sont pas les boucs émissaires de l’obésité : les produits alimentaires trop riches n’apparaissent être une explication de l’obésité infantile qu’en second plan (45% des Français la citant tout de même), de même que la publicité pour les produits alimentaires destinée aux enfants (36%).
Certaines des mesures les plus emblématiques qui ont pu être proposées ou mises en place pour lutter contre l’obésité laissent les Français sceptiques quant à leur efficacité. La proposition de TVA nutritionnelle fait ainsi l’objet d’un jugement sans appel, 71% ne la jugeant pas efficace (dont plus d’un tiers « pas du tout » efficace).
Les Français accordent ainsi une réelle importance aux prix au quotidien, dans leurs choix des produits alimentaires, avec une prime aux produits dont le prix est le plus bas (59% choisissent le plus souvent ces produits), même s’il ne s’agit pas d’une règle intangible (seuls 17% sont « tout à fait d’accord » avec cette affirmation).
Le poids de cet enjeu ne conduit toutefois pas la population à souhaiter un mode de fixation des prix de l’alimentaire plus contraignant. Plus de 7 Français sur 10 jugent que les prix des produits alimentaires doivent varier en fonction de l’évolution du coût des matières premières.
Le sentiment de détérioration du rapport qualité-prix au cours des dernières années est aujourd’hui majoritaire au sein de la population (45%, +15 points), un tiers jugeant qu’il est resté à peu près le même (soit une diminution de 12 points), et 2 français sur 10 estimant que le rapport qualité-prix s’est amélioré. Cette perception fait largement écho à la prégnance de l’enjeu du pouvoir d’achat dans les préoccupations des Français et à la contraction ressentie du budget disponible, les produits alimentaires étant l’un des seuls postes de dépense n’offrant que peu, voire pas de marge de manœuvre.
Une mesure concernant les produits alimentaires parvient à faire consensus au sein de la population : la mise en place d’un Label France pour la production agro-alimentaire française. Cette idée enthousiasme les Français : 9 sur 10 y sont favorables, dont plus de la moitié « tout à fait ». Cette perception particulièrement positive fait écho à la demande d’une information nutritionnelle accrue de la part des consommateurs, qui souhaitent avoir la possibilité d’une consommation éclairée.
Malgré la rémanence de l’enjeu « prix » dans la perception des produits alimentaires, la défiance envers les OGM demeure forte, et ils ne sont ainsi pas identifiés comme une solution pertinente à la hausse des prix : 7 Français sur 10 jugent qu’il est erroné d’affirmer que les OGM sont importants pour lutter contre la hausse des prix des produits alimentaires.
La population se révèle toutefois plus partagée sur la poursuite de la recherche sur les OGM : une majorité de Français estiment que c’est important, pour 46% qui s’opposent à cette idée.
En filigrane, il apparaît que les Français, loin d’être vent debout contre les OGM, n’y sont pas opposés par principe. Ils souhaitent toutefois que tous les moyens soient mis en œuvre pour garantir les risques qui sont liés à leur culture et utilisation, seul élément réellement associé aux OGM, et thématique structurante du débat public autour de cette question.
Le soutien à la production agro-alimentaire française est un véritable enjeu pour les Français. A leurs yeux, les pouvoirs publics devraient soutenir les exportations de produits alimentaires français : c’est même jugé primordial par plus d’un tiers d’entre eux (35%), une majorité estimant que ce soutien est important, mais pas primordial (55%). La production agro-alimentaire est une tradition forte du tissu économique français, et Il s’agit ici d’exporter le modèle alimentaire Français, le « goût à la française » dont les Français sont fiers.”
Source: agro-media.fr avec LSA (Daniel Bicard) et le communiqué de presse de l’ANIA.