La surmortalité des jeunes huitres depuis 2008, a conduit nombre d’ostréiculteurs à opter pour l’huitre « quatre saisons » lancée en 95/98 par l’Ifremer. Cette huitre à la particularité d’être triploïde, c’est-à-dire qu’elle possède trois copies de son génome (l’homme en possède deux, il est diploïde).
Cette technique n’est pas fréquemment employée pour le règne animal, excepté la truite, mais plus souvent chez les végétaux chez qui elle permet de faire des fruits sans pépins, comme la pastèque ou le raisin. On ne parle pas d’OGM car il n’y a pas d’action directe sur les chromosomes. Cette huître arrive à maturité six mois plus tôt que ces congénères sauvages et étant quasi stérile, n’est presque jamais laiteuse.
Les ostréiculteurs traditionnels (OT) s’insurgent aujourd’hui contre l’utilisation massive de ces huitres. En effet ils se posent la question de la fragilité de cette huitre triploïde et même de l’implication de la triploïde dans la mutation du virus. Tous les ostréiculteurs traditionnels ou non sont touchés par le virus herpétique de l’huitre. Les OT ne sont pas « contre le progrès » mais quand celui-ci est transparent a déclaré Louis Teyssier OT à Blanville sur Mer. Le tribunal de Rennes a nommé un expert en charge d’évaluer si l’Ifremer et l’Etat se sont vraiment inquiétés du devenir de cette triploïde et si les biotechnologies utilisées ne la rendent pas plus fragile. L’expert a relevé et s’est même « étonné »d’une « absence de communication » entre l’Ifremer et les écloseries.
Dans l’attente des résultats de l’expertise les ostréiculteurs traditionnels qui prévoient de lancer leur propre étiquetage « huitres nées en mer », s’inquiètent de la disparition de leurs huitres puisqu’ils constatent un moindre développement des diploïdes à proximité des triploïdes.