Nous avons tous au niveau de notre tube digestif environ 100 millions de neurones qui constituent le Système Nerveux Entérique (SNE). Souvent appelé « second cerveau », cet enchaînement de neurones a pour objectif de contrôler notre digestion.
Or, une équipe franco-allemande dirigée par deux chercheurs de l’Inserm a fait une découverte étonnante. Ils ont ainsi nourri pendant douze semaines deux groupes de jeunes souris, le premier avec un régime adapté aux besoins de ces souris et le second avec un régime enrichi en graisses et en sucres, appelé régime « pizza-coca ». Comme prévu, le second groupe de souris est devenu obèse.
Mais les chercheurs ont aussi observé chez ces souris une vidange gastrique plus rapide, autrement dit leurs estomacs se vident plus rapidement que ceux des souris du premier groupe, et elles ont plus rapidement faim. Le second cerveau de ces souris pourrait être en cause. Ainsi, il agirait trop efficacement, rendant l’assimilation des aliments bien trop rapide.
Or, les chercheurs ont observé que les souris du premier groupe voyaient les neurones de leur système nerveux entérique se dégrader de façon régulière, ce qui n’est pas le cas pour les souris du second groupe. Ainsi, les neurones de leur système digestif ne se dégradant pas, ils deviennent trop nombreux et agissent trop efficacement.
Cette découverte est majeure en ce qui concerne l’obésité, car elle expliquerait en partie le cercle vicieux dans lequel les personnes obèses sont enfermées. L’ingestion d’aliments gras et sucrés pendant l’enfance aurait ainsi un effet sur les neurones du tube digestif et aurait une grande influence sur le comportement de notre tube digestif à l’âge adulte, qui continuerait à se comporter comme pendant l’enfance, période où nos besoins énergétiques sont les plus importants. Le neurobiologiste Raphaël Moriez explique : « Le régime riche en graisse et sucre empêche le tube digestif de s’adapter à un régime correspondant à l’âge adulte et maintient son phénotype jeune correspondant à une période de la vie où la prise alimentaire est maximale ». Une meilleure compréhension de l’influence de notre alimentation sur les neurones de notre tube digestif pourrait permettre la prévention de pathologies neurodégénératives digestives par des approches nutritionnelles.
Source : agro-media.fr avec Sciences et Avenir et Le Figaro Santé (Tristan Vey).
Ci-dessous Raphaël Moriez présente l’expérience et ses résultats :