Agro-media.fr vous présente la tribune parue dans LSA hier, sur la conférence de presse donnée par Georgs Plassat, patron de Carrefour.
La rédaction de LSA vous a fait vivre hier matin la conférence de Carrefour en direct sur LSA.fr et le compte twitter LSA. Premier bilan et récapitulatif des moments clés à retenir.
Georges Plassat, acte II. En théorie, le nouveau patron de Carrefour était censé dévoiler, ce jeudi 30 août au matin, lors de la présentation des résultats semestriels du groupe, les détails de son plan de relance après avoir réalisé un premier diagnostic au cours de sa première intervention publique, durant l’Assemblée générale du groupe, fin juin. Las de détails, il n’y eut pas. De chiffres non plus, ou très peu. Si ce n’est ceux, classiques, des résultats du semestre, « meilleurs qu’attendus » selon les analystes présents sur place.
On se demande d’ailleurs s’il y en aura beaucoup plus à l’avenir, car le Pdg du numéro deux mondial estime en substance que Carrefour a fait l’erreur de trop étaler sur la place publique ses résultats opérationnels, ses objectifs, ses meilleures pratiques… faisant le jeu des concurrents. Des concurrents qui, dans le même temps selon lui, ne sont pas privés pour tailler des croupières à Carrefour, distillant notamment des chiffres de parts de marché ou des indices jugés « plus que discutables » par le patron. Pour mémoire, le groupe perd en France encore 1,3 point de part de marché lors de la dernière période comprise entre le 9 juillet et le 5 août, à 20,5 %, selon l’un des panels montré du doigt par le PDG. Ces attaques, Georges Plassat, ne les « admet pas »… « Un pays ne doit pas cracher sur ses leaders ». Et il martèle que Carrefour est loin d’être abattu. C’est « une belle affaire » a répété de nombreuses fois l’ex-patron de Casino et de Vivarte, avec « des actifs solides », dont certains comme le Brésil ou la Chine sont, selon lui, « sous valorisés ». « Carrefour est une entreprise d’une très belle qualité. Le 2ème groupe mondial, quand même, pour ceux qui l’oublieraient et qui nous regardent avec condescendance ».
Les troupes apprécieront, quant aux adversaires « condescendants » même s’ils n’ont pas été nommés, tout le monde aura reconnu dans le « Jésus Christ du conso » (« On est pas le Jésus Christ du conso, nous, depuis 40 ans, on ne parle pas on travaille… »), Michel-Edouard Leclerc. Leclerc directement visé d’ailleurs par le volet « marchandises » du plan de relance commercial de Carrefour, où en tout cas le peu qui a été dévoilé « On va privilégier l’efficacité au foisonnement et rationnaliser l’offre pour la rendre plus lisible », a expliqué Georges Plassat. Traduction ? Carrefour compte remettre le paquet dans ses rayons sur les grands produits de marque, des « produits repères » (on imagine que ce sont les fameux produits dits psychologiques sur lesquels se fixe l’attention des consommateurs et évidemment pas ceux qui signent la marque distributeur de Leclerc…) à des prix qui seront eux-mêmes « repères ». Et d’effacer, au passage, l’objectif de porter les ventes de produits à marque propre à 40% du chiffre d’affaires affiché par les précédentes équipes ! « C’est vain, explique le patron de Carrefour. Les produits repères, pour les clients, ce sont les grandes marques, il ne faut pas se leurrer ».
Une bonne idée sans doute, sauf que sur ce sujet comme sur les autres, Georges Plassat, a livré très peu de précisions. Interrogé sur le timing de la refonte de l’assortiment par exemple, il indique simplement que les choses allaient « se faire progressivement, il ne faut pas heurter les clients »… Même chose pour la convergence d’enseigne, qualifiée d’« intellectuellement compréhensible, mais de pratiquement indéfendable ». Sauf que pour la remplacer le patron évoque l’utilisation du logo du groupe accompagné des signatures Express, City, Montagne…. Un peu court.
Si bien qu’au final, on reste sur notre faim après ces plus de trois heures de conférence. Déçu sur le fond, même si les grandes lignes – qu’on peut résumer grosso modo par un retour aux basiques, au bon sens et aux vertus du terrain – semblent prometteuses, mais séduit, une nouvelle fois, par les saillies d’un patron qui n’a vraiment pas la langue sa poche. Avec en tête sa conclusion : « Je maintiens que tout cela demande 3 ans. Je suis très en confiance, Carrefour se met en marche ». Certes, mais en attendant les premiers chiffres tangibles et les premières actions, on ne peut que vous croire… sur parole Mr Plassat !
Jérôme Parigi – LSA