Créée il y a 20 ans à Avignon par Marc Montluçon, la société FRDP produit et commercialise des fruits et légumes surgelés bio, soit 15 000 tonnes de légumes par an et 250 tonnes de fruits. Si les oignons, les légumes verts, les carottes, les pommes de terre et les courgettes tiennent le haut de l’affiche, l’une des spécificités de FRDP est d’avoir une gamme étendue de 40 légumes déclinés en différentes coupes et emballages dont des légumes oubliés. Et si l’entreprise se décrit comme «lilliputienne» sur le marché du surgelé, elle n’en reste pas moins très représentative sur celui du bio.
En effet, son pdg et son directeur général et nouvel associé, Vincent Reveniault, entré dans l’entreprise il y a 15 ans, œuvrent pour que la bio ne se résume pas au seul concept du sans pesticides, mais bel et bien à un état d’esprit, une véritable philosophie nécessitant des engagements et des valeurs fortes.
Située entre le champ et l’industrie agroalimentaire, comment FRDP gère-t-elle l’offre et la demande ?
Marc Montluçon : Concernant l’offre, nous travaillons avec des producteurs locaux mais aussi sur un axe Nord/Sud notamment avec la Belgique, la Hollande et l’Espagne, afin d’avoir les volumes de fruits et légumes nécessaires. Nous établissons en général des contrats de 2 à 3 ans et même plus, avec ces derniers car nous aimons travailler sur du long terme avec eux. Concernant la demande, nous proposons une gamme de sachets de légumes surgelés en 600 grs et de fruits surgelés en 300gr sous la marque Bioregard, commercialisée dans les magasins Bio spécialisés.
Les volumes les plus importants vont vers nos clients artisans ou industriels de l’agro-alimentaire basés en Europe. Nous leur proposons une gamme très large en fruits et légumes bio avec un stock permanent, ce qui nous permet d’être très réactifs.
Outre la surgélation, la véritable raison d’être de FRDP, c’est la bio. Quelles sont les demandes des industriels sur le sujet ?
M.M.: La surgélation est à l’heure actuelle la manière la plus respectueuse de conserver les propriétés des fruits et légumes. Un petit pois est surgelé en moyenne, 4 heures après la récolte, les produits frais en magasin sont encore vendus 4 à 6 jours après la récolte. Quant au bio, il est effectivement dans notre ADN !
Et les industriels qui font appel à nous, veulent avant tout des filières bio sécurisées. Chez FRDP, nous connaissons parfaitement les parcelles de nos produits car nous allons sur le terrain régulièrement. Nos produits sont soumis à un programme d’analyses complet. Nous pouvons ainsi affirmer que 95% des lots que nous commercialisons sont contrôlés par des analyses pesticides mais aussi microbiologiques, métaux lourds etc…..
Cependant le zéro pesticides n’est pas votre seule préoccupation, vous œuvrez à conserver une vision plus large du bio. Quelle est-elle ?
M.M.: La Bio possède en effet d’autres valeurs que le sans pesticides. Notre certification RSE «Bio Entreprise Durable» par Synabio et Ecocert, prouve notre engagement. La bio, c’est manger des produits de saison ! C’est aussi éviter de faire appel aux serres chauffées ou encore ne pas faire de culture hors sol mais de la culture plein champ.
Chez FRDP, notre vison de la bio concerne non seulement nos comportements envers l’environnement mais aussi la société, les droits de l’homme, les conditions de travail.
Nous avons ainsi un engagement fort en amont agricole. Nous aimons travailler avec les producteurs sur une large gamme et à long terme. On essaye de créer et de faire vivre des filières solidaires car nous sommes conscients que l’agriculture est un métier difficile, soumis à beaucoup d’aléas. C’est pourquoi nous accompagnons les agriculteurs dans leur projet, en participant financièrement à l’investissement ou en avançant la trésorerie nécessaire avant récolte.
Pour nous la bio, c’est aussi remettre plus d’humanité dans nos rapports avec les fournisseurs et les clients.
La filière bio est aussi devenue une niche dynamique, qu’est-ce que cela vous inspire ?
M.M.: Ma grande crainte est qu’avec les demandes croissantes, nous reproduisions les mêmes erreurs faites avec les produits conventionnels. J’ai peur que les lobbies agissent sur les cahiers des charges, et qu’une fois le marché Bio arrivé à maturité une pression trop importante sur les producteurs et les entreprises ne génère les mêmes effets pervers, c’est pourquoi les entreprises historiques de la bio doivent affirmer leurs valeurs. Nous ne voulons donner de leçons à personne, mais nous souhaitons cultiver et conserver les valeurs de La Bio!
Quels sont les projets de FRDP ?
M.M.: FRDP, avec ses partenaires de toujours en Espagne, a repris une usine à Albacete qui surgèle des petits pois et du maïs au beau milieu de la zone de production agricole. Cette usine pourra en traiter 10 à 12000 tonnes annuels et nous avons l’ambition de monter entre 15 et 17 000 tonnes. Notre projet est donc de mettre l’usine sur de bons rails, cela demande beaucoup de travail et d’investissements. Et puis bien sûr, nous continuons à véhiculer et à cultiver notre vision de la bio et à partager ses valeurs avec ceux qui le désirent. Notre défi est de faire croitre notre entreprise, sans oublier les valeurs fondatrices de notre engagement.
Plus d’informations sur le site de FRDP ici