Alors que la taxe soda était annoncée fin août par le premier ministre François Fillon et devait représenter un centime d’euros supplémentaire par canette afin de lutter contre l’obésité, c’est une toute nouvelle version que la porte-parole du gouvernement, Valérie Pécresse, a annoncé hier. Ainsi, le montant de la « nouvelle » taxe soda serait réévalué, pouvant aller jusqu’au double de son montant initial, soit deux centimes par canette. Et la motivation principale de l’instauration de la taxe a également bien évolué : exit la santé publique, bienvenue à la compétitivité de l’agriculture.
Les cafouillages n’ont pas manqué autour de cette taxe soda :
- alors que Coca-Cola menaçait de suspendre un investissement avant de se rétracter,
- puis que des rumeurs allaient bon train quant au potentiel licenciement du responsable à l’origine du « couac »,
- Bernard Reynès met également son grain de sel. Ainsi, il aurait annoncé dans un communiqué avoir obtenu gain de cause et que la taxe serait élargie aux boissons light contenant des édulcorants.
- Une information démentie plus tard par Valérie Pécresse.
Les autres boissons sucrées sans édulcorants devraient néanmoins bel et bien voir « une augmentation qui ne pourrait pas être supérieure au doublement », selon la porte-parole. Le rapporteur UMP de la Commission des Finances, Gilles Carrez, a confirmé l’information hier après-midi. Au lieu des 120 M€ que la taxe devait initialement rapporter à l’Etat, ce seront finalement 240 M€ qui entreront dans les caisses.
Une bonne nouvelle pour le secteur agricole, étant donné que ces nouveaux bénéfices pourraient être redirigés vers un allègement des charges patronales dans les entreprises agricoles employant moins de 20 salariés permanents, a expliqué Europe 1. Valérie Pécresse a ajouté :
- « on voudrait greffer sur cette taxe un autre financement de l’amélioration des exonérations de charges patronales pour les salariés agricoles, parce que nous avons un problème de compétitivité, notamment avec l’Allemagne, sur le coût de la main-d’œuvre ».
Du côté des industriels, c’est la victoire :
- « cela ne nous amuse pas d’avoir un doublement de la taxe soda à 240 M€, mais notre premier objectif, qui était de n’avoir aucun lien entre cette taxe et l’obésité, est acquis », a déclaré Jean-René Buisson, le président de l’Ania, à l’AFP.
- « Ce point n’était pas négociable. Pour nous, c’était absolument fondamental. Sinon, nous rentrions dans un dispositif selon lequel on taxait le cassoulet, le foie gras et le camembert. C’était inacceptable », a-t-il renchéri.
Ainsi, le motif de l’instauration de la première version de la taxe soda, « cette contribution s’inscrit dans le cadre du plan national nutrition santé publique qui promeut une alimentation équilibrée comme composante essentielle de la santé publique », devrait être supprimé par le biais d’un amendement gouvernemental. La deuxième version de la taxe devrait figurer dans le projet de loi de finances et non plus dans le Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale (PLFSS).
La porte-parole du gouvernement a annoncé que le président Nicolas Sarkozy « se rendra en Creuse la semaine prochaine à la rencontre des agriculteurs. Il devrait reparler de ce sujet à cette occasion ». Le rendez-vous est pris.