Le Parlement européen a approuvé hier jeudi 16 février un accord commercial qui va libéraliser les échanges entre l’Union européenne et le Maroc. Ainsi, cet accord permettra d’exempter de droits de douane 55% des denrées exportées du Maroc vers l’UE, contre 33% actuellement. A l’inverse, 70% des exportations européennes vers le Maroc seront exemptées de droits de douane d’ici 2022, contre 1% actuellement.
La Commission européenne avait fortement incité le Parlement à voter en faveur du texte, qui selon le commissaire chargé de la politique de voisinage de l’UE, Stefan Füle, « aidera à une hausse des échanges et à la création d’emplois ».
Le rapporteur sur ce dossier, qui n’est autre que José Bové, avait pourtant dénoncé un texte « déséquilibré » et avait appelé les parlementaires à rejeter l’accord, en vain. Le projet a finalement été validé par 369 eurodéputés, 225 étaient contre et 31 se sont abstenus.
Alors que Rabat se réjouit de cette issue, les agriculteurs français et espagnols sont plus que jamais inquiets. En effet, José Bové considère que l’accord « va placer les producteurs européens dans une situation de concurrence insoutenable sans pour autant conforter un développement équilibré au Maroc ». Il a dénoncé un « dumping social », affirmant que les paysans marocains étaient payés « cinq euros par jour » et n’avaient pas le droit de se syndiquer. Il a aussi estimé que les agriculteurs marocains verraient « détruite leur capacité de production de viande, de produits laitiers et de céréales par des importations de grands groupes européens ».
Les espagnols, pour leur part, craignent d’être inondés de produits importés du Maroc à bas prix, notamment de fruits. Dacian Ciolos, le commissaire européen à l’Agriculture, a tenté de rassurer l’Espagne en affirmant que l’accord contient « toutes les dispositions à même de préserver l’avenir de la production européenne, comme celle des tomates, des courgettes, des concombres, de l’ail, des clémentines et des fraises. Ces produits ne seront pas libéralisés par l’accord ». Ainsi, le Maroc ne devrait avoir le droit d’importer librement que 0,8% de la production européenne de tomates.
Source : agro-media.fr avec AFP (Arnaud Bouvier).