Cela fait plusieurs mois que Vivadour médite son projet d’élevage de poulets industriels dans le Gers. Ainsi, cinq gros élevages de poulets industriels pourraient faire leur apparition sur les sites de Lannepax, Saint-Elic Theux, Lussan, Duffort et Izotges. Le président du Conseil Général, Philippe Martin, a enfin pris position, comme le révèle La Dépêche :
- « je ne peux que regretter l’émergence de projets d’élevages industriels dans le Gers ».
Le principal obstacle au projet de Vivadour est l’image du département, qui risque fortement d’être altérée par ces élevages : un département représentant le bien-vivre, le bien-manger, sans OGM, avec des menus de saison dans les cantines et du « poulet qui est bon parce qu’il est heureux d’être élevé plein air, plein Gers ».
- Le principal risque est « un moins pour notre économie touristique qui représente 6% du produit intérieur brut gersois », selon le président.
Les partisans du projet de Vivadour, au contraire, mettent en exergue la santé des abattoirs locaux, aujourd’hui défaillante. Avec des milliers de poulets industriels à abattre à proximité, la pérennité des emplois serait garantie. Philippe Martin, pris entre deux feux, a ainsi proposé « une séquence de large concertation sous l’égide du préfet ».
Par ailleurs, 80 opposants ont manifesté à Auch et ont tenté de rencontrer le préfet Etienne Guépratte. Parmi eux, 13 représentants d’associations opposées au projet du groupe coopératif Vivadour. Très déçu par le refus du préfet de les recevoir, Jean-Bernard Lecroix, porte-parole de la délégation et président de Bien Vivre à Lannepax a déclaré :
- « Monsieur le préfet, auquel nous avions demandé audience, n’a pas daigné nous recevoir et a choisi de nous envoyer son chef de cabinet, alors qu’il avait personnellement reçu les représentants de Vivadour. Nous estimons que ce n’est pas normal. Nous lui demandons, à nouveau, de nous recevoir personnellement ».
Les nuisances liées à l’implantation de ces cinq élevages sont importantes :
- « près de 1 000 tonnes de fiente chargées d’activateurs de croissance, d’antibiotiques… inhérents à l’alimentation de ce type d’élevage.
- Il faudra faire aussi avec les rotations de camions : 346 par an ».
- Sans parler « du bien-être des voisins »
- et « du bien-être des animaux qui seront confinés, 24 au mètre carré, en vue d’être produits en 37 jours au lieu de 9 volailles au mètre carré pour un poulet label, élevé en 90 jours ».
Un sondage réalisé par TNS Sofres les 14 et 15 septembre 2011 auprès de 503 habitants du département a corroboré ces déclarations. Ainsi, 6% des sondés se déclaraient favorables au projet de Vivadour, 16% plutôt favorables, 33% plutôt opposés, 33% très opposés et 1% sans opinion. Soit 22% des personnes interrogées globalement favorables et 77% défavorables ! De plus, 69% des sondés considèrent que ces élevages auront des conséquences négatives sur l’image du Gers. Philippe Martin a détaillé :
- « dans le détail, on s’aperçoit que 65% des agriculteurs y sont eux aussi opposés (contre 35% qui y sont favorables) et que si 84% des personnes interrogées se réclamant de la gauche sont hostiles à ces projets, ils sont également 72% à être du même avis bien que se revendiquant de droite. Cette position est donc, on le voit, à la fois très largement partagée et non partisane ».
L’enjeu du projet de Vivadour est donc bien plus important que la simple installation de cinq élevages industriels ; il s’agit d’une véritable question d’éthique et d’image du département.