Après la session de Dalkia France à EDF, Veolia revient en force sur le territoire national, tant sur le secteur de l’eau et des déchets que sur celui de l’énergie. Le groupe accompagne ainsi les industriels dans l’optimisation de leur production, de la distribution et de l’utilisation des utilités. En tant que gestionnaire de sites mais aussi en tant qu’expert en co-génération, biomasse, air comprimé ou encore en froid, Veolia propose aujourd’hui son expertise aux industriels de l’agroalimentaire qui souhaitent optimiser leur performance énergétique. Les explications avec Boris Berthier, expert Senior Utilités Technical / Studies / Engineering Corporate/ Vesa chez Veolia.
Propos recueillis par Nathalie Delmas
On parle de plus en plus d’efficacité énergétique, quelle en est la définition chez Veolia ?
Boris Berthier : L’efficacité énergétique consiste à améliorer le rendement énergétique, à savoir la consommation d’énergie par unité d’oeuvre produite. Pour gagner en efficacité énergétique, chez Veolia, nous examinons toute la chaîne du process.
Depuis quand les industriels ont-ils vraiment commencé à travailler sur l’efficacité énergétique ?
B.B. : Jusque dans les années 80, l’essentiel pour l’industriel était de stabiliser l’approvisionnement en énergie, avoir des quantités suffisantes de vapeur, air comprimé etc, et le moins d’arrêt de production sur son site.
De 1980 à 2005, les industriels ont vraiment commencé à travailler sur l’efficacité énergétique en réalisant les premiers audits énergétiques et constatant que l’énergie avait un coût qui devenait de plus en plus important. Ils ont alors commencé à travailler sur les rendements de transformation d’énergie. Mais cela ne remettait pas en cause leur process. C’est à partir de 2000 que les industriels ont vraiment commencé à vouloir réduire leur consommation sur la partie process et à travailler ainsi sur l’efficacité énergétique.
Quel est l’état des lieux aujourd’hui concernant la maturité des usines agroalimentaires dans le domaine énergétique en France ?
B.B. : La maturité dans les usines agroalimentaires est totalement différente en fonction des pays et de leur taille. Sur le marché français, pour les industries ayant déjà une taille conséquente, soit au-delà d’1 million d’euros de facture énergétique à l’année, nous pouvons dire que nous avons des industriels bien au fait de l’efficacité énergétique et de la gestion de l’énergie dans leurs usines. Aujourd’hui, ces derniers sont très focus sur la digitalisation de leurs procédés et la diminution de leurs émissions de CO2.
Et pour les PME à plus petite échelle dont ce n’est pas vraiment le cœur de métier ?
B.B. : Même si la performance énergétique n’est pas leur cœur de métier, les industriels en France sont assez bons techniquement. Cependant, il est vrai que beaucoup d’usines qui avaient des responsables utilités très compétents, ont connu une vague d’externalisation. Souvent ce qui leur manque aujourd’hui, c’est une vue d’ensemble de leur activité, un schéma directeur d’énergie.
Vaut-il mieux mettre une chaudière biomasse ou une pompe à chaleur ? Sur ce genre de questionnements par exemple, certaines entreprises ont eu des pertes de compétences. C’est par exemple le cas de groupes familiaux, qui s’en remettent souvent à des sous-traitants. D’où l’importance de bien choisir son partenaire pour aller vers ces actions d’économie d’énergie. Chez Veolia, nous leur proposons par exemple, de prendre en charge ces utilités.
Digitalisation et décarbonation, deux grandes tendances qui s’affirment
Quelles sont les grandes tendances pour atteindre cette efficacité énergétique?
B.B. : Être capable d’avoir une vue globale du schéma énergétique n’est pas forcément acquis chez les industriels. La digitalisation permet cela. Grâce aux relevés de données, la gestion de la performance énergétique est ainsi facilitée. Les industriels peuvent travailler sur les facteurs et paramètres qui peuvent influencer cette efficacité (température, débit, équipements, tonnage, commandes etc). La digitalisation fait partie des grandes tendances qui se dégagent aujourd’hui. La question est alors de savoir comment intégrer tous ces outils digitaux pour devenir encore plus performant énergétiquement.
L’autre grande tendance actuelle est la décarbonation de l’industrie. De nombreux industriels veulent réduire leur empreinte CO2 ou être carbone neutre en substituant une énergie par une autre. Enfin, les utilités industrielles ou rendements de production, sont de plus en plus sollicitées.
Comment rentre-t-on plus concrètement dans cette démarche d’efficacité énergétique ?
B.B. : Rentrer dans une démarche d’efficacité énergétique nécessite une certaine méthodologie si l’on veut être efficace. La première chose à faire est de réduire les besoins. La seconde étape est de regarder si l’on peut moderniser la technologie (moteurs au rendement, variateurs électroniques de vitesse, transmissions plus performantes etc). Puis on va s’intéresser à l’amélioration de la régulation en regardant les facteurs d’influences sur lesquels on peut jouer afin de diminuer cette consommation d’énergie.
Il faut également travailler sur la qualité des produits. Il y a les méthodes classiques pour fiabiliser le process et réduire les défauts qualités et les méthodes digitales qui permettent de connaître les paramètres défectueux par exemple. Une fois ces besoins diminués, on va essayer de produire les utilités de manière efficace. On va donc travailler sur les rendements de production de la vapeur, de l’air comprimé, de l’électricité etc.
On peut également travailler sur les co-générations qui permettent de diminuer les coûts de production des utilités. L’idée est de se dire ne peut-on pas fabriquer du chaud et du froid en même temps par exemple ? Ce qui donnera un meilleur rendement. Le dimensionnement des utilités est également un paramètre à prendre en compte. Est-ce que l’on est dans le bon point de fonctionnement et si on ne l’est pas, est-ce qu’il y a un intérêt à modifier les installations pour s’y mettre ? La juste utilité est aussi très importante afin de ne pas dégrader la qualité de l’énergie. La connaissance des besoins au pied de chaque équipement est nécessaire pour fournir la juste utilité. Puis, on s’intéressera à la digitalisation pour traquer les dérives plus rapidement en temps réel, ainsi qu’à la réutilisation d’énergie fatale tout en cherchant le bon équilibre entre efficacité et coût global de la production d’énergie.
L’offre Veolia, une approche intégrée Eau, Energie, Déchets
Quelle est la méthodologie chez Veolia pour accompagner le client et que propose-t-elle comme offre ?
B.B. : Chez Veolia, nous avons plus de 200 actions standards sur l’efficacité énergétique de la production d’utilités qui nous servent lors d’audit. A la suite d’un premier audit à nos frais sur site, nous proposons un projet estimatif et une atteinte d’objectifs. On valide ensuite la faisabilité de ce projet avec des études approfondies.
Veolia accompagne également le client en travaillant sur les différentes aides aux investissements (Plan de relance etc). Généralement, pour un développement de projet, l’industriel a un objectif de réduction d’énergie de mégawatt heure, de réduction de consommation d’énergie en euros, et des objectifs de réduction de CO2, d’eau, de déchets.
L’offre Veolia, c’est d’abord avoir une approche intégrée Eau, Energie, Déchets. A nos trois métiers est intégrée une partie économie circulaire. Nous sommes aujourd’hui capables d’intégrer nos clients dans cet éco-système. Sur la partie énergie, notre métier est d’exploiter les énergies industrielles et de fournir au meilleur coût les utilités à nos clients. Sur la partie globale, de faire la même chose sur l’eau et les déchets. Aujourd’hui par exemple, nous travaillons sur un projet de démarche d’efficacité énergétique qui permette de faire de la capture du CO2 de fumée de chaudière. Nous souhaitons l’épurer et en faire un CO2 de qualité alimentaire pour revendre ce CO2 à un industriel qui fait de l’embouteillage.
Comment Veolia intègre-t-elle l’économie circulaire à cette efficacité énergétique ?
B.B. : Lorsque le client a réduit ses besoins, produit des utilités avec la meilleure efficacité possible et les moins chères, on peut élargir le spectre et s’intéresser à l’économie circulaire. Grâce aux technologies de digitalisation, il est désormais possible de faire des échanges entre industries. Par exemple, les coques de cacao excédentaires d’un industriel peuvent être amenées chez un autre industriel pour servir à la biomasse. Cela fait un revenu pour l’un et une énergie moins chère et décarbonée pour l’autre.
Veolia n’est pas le seul acteur sur le sujet de l’efficacité énergétique, qu’est-ce qui vous différencie de vos concurrents?
B.B : Chez Veolia, l’engagement est très fort. Sur la partie énergie, Veolia n’est pas fabricant de matériel et n’a donc pas d’intérêt là-dessus. Nous nous engageons sur la performance globale et dans la durée. Nous sommes capables d’intégrer la partie eau et déchets à l’énergie et à la partie circulaire dans un environnement local.
Que souhaitez-vous dire aux industriels du secteur agroalimentaire qui souhaitent améliorer leur performance énergétique ?
B.B. : La performance énergétique participe à la performance industrielle. Cette performance passe par les économies d’énergies mais aussi par la capacité à adapter son outil industriel aux énergies de demain (ENR intermittentes, hydrogène, biogaz, biomasse,…). Performance rimera avec choix technologiques, transformation digitale, décarbonation, flexibilité, économie circulaire… Ces sujets pris un à un sont simples, la coordination d’ensemble sur la durée nécessite un accompagnement.
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