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Acrylamide dans des biscuits pour bébé : Nestlé va tout vérifier

L'acrylamide, une substance cancérogène, a été retrouvée à un niveau supérieur aux indications européennes dans des biscuits pour bébé de la marque Nestlé.

C’est dans des biscuits pour bébés de marque Nestlé vendus en France, que de l‘acrylamide, une substance cancérogène, a été retrouvée à un niveau supérieur aux indications européennes. La concentration retrouvée est aussi proche de ce maximum toléré dans deux autres produits : les biscuits bio « Mes 1ers Biscuits Orange » de Picot, marque du groupe Lactalis, (198,3 microgrammes) et dans les « biscuits junior aux pépites de chocolat » de marque Carrefour (192 microgrammes). Il y a peu, de tels produits vendus en Hongrie et en Croatie ont été retirés du marché en vertu de teneurs en acrylamide trop élevées.

Une concentration au-dessus de la valeur limite européenne

En effet, une campagne d’analyse commandée par la fondation Changing Markets pour le marché français montre que les très jeunes enfants peuvent être exposés à des produits avec des teneurs en acrylamide proches voire au-dessus des valeurs actuellement tolérées au niveau européen.
La teneur la plus élevée a été retrouvée dans des biscuits destinés aux enfants de plus de 12 mois de la marque Nestlé, avec une concentration au-dessus de la valeur limite européenne de 200 μg/kg et bien au-dessus d’autres produits destinés aux jeunes enfants qui ont été testés.
Deux produits, de marque Picot et Carrefour, sont très proches de la valeur limite. Mi-décembre, des lots de tels biscuits avaient été retirés de la vente en Croatie, en Bulgarie, en Slovaquie, en Slovénie et en Hongrie. L’acrylamide est une substance cancérogène rencontrée dans de nombreux produits alimentaires consommés quotidiennement par les européens. Elle est présente dans le pain, le café, les biscuits, les céréales et les produits à base de pomme de terre.
En ce qui concerne l’exposition des jeunes enfants à ce composé cancérogène, l’Autorité européenne de sécurité des Aliments (EFSA) et l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) en France, dans son rapport de septembre 2016, la considèrent comme étant particulièrement préoccupante.
Selon le protocole actuel, depuis 2007, les États membres ont l’obligation de recenser les taux d’acrylamide dans les produits alimentaires et de prendre les mesures nécessaires si des produits venaient à dépasser les valeurs recommandées au niveau européen. La valeur pour les biscuits pour jeunes enfants a été fixée à 200 μg/kg.

Un projet de réglementation attendu en mars

« Il est inacceptable de la part de grandes marques d’être aussi irresponsables vis-à-vis de l’acrylamide compte tenu des impacts qu’elle peut avoir sur les organismes en développe ment comme ceux des enfants” a indiqué Véronique Moreira, présidente de WECF France.
“ Les autorités doivent adopter un nouveau protocole qui comprend des limites contraignantes en deçà des limites actuelles et les industriels prendre ce sujet très au sérieux pour adopter les mesures nécessaires dans le processus de fabrication des produits.”
Un projet de réglementation sur l’acrylamide est en cours de discussion entre la Commission Européenne et les États membres. La proposition ne contient pas de limites contraignantes pour ce contaminant, en contradiction avec l’approche européenne pour les autres contaminants alimentaires, et conserve des recommandations de teneurs trop élevées par rapport à ce qui peut être mis en œuvre par les industriels pour ne pas dépasser des teneurs très basses d’acrylamide. Il est d’ailleurs proposé d’abaisser les valeurs maximales. Le vote pour ce projet est attendu pour mars 2017.

Pas de retrait prévu à ce jour

De son côté, la direction de Nestlé France a fait part de « sa grande surprise à la vue de ces résultats » a indiqué l’AFP. « Nous faisons effectuer des mesures régulières par des laboratoires indépendants et nous sommes très significativement en dessous des indicateurs européens », a déclaré à l’AFP Pierre-Alexandre Teulié, un des directeurs généraux de Nestlé France. « Nous sommes totalement ouverts à la discussion avec SumOfUs afin de comprendre comment ils en sont arrivés à ces résultats », a-t-il dit. « Depuis, Nestlé travaille à réduire l’apparition d’acrylamide lors de la cuisson des produits », a indiqué M. Teulié. « La sécurité alimentaire est notre premier impératif », a-t-il ajouté. « Nous ne sommes pas dans le cas d’une crise sanitaire » et « pour l’instant, il n'(en) est pas question » d’un retrait des biscuits concernés de la marque, a déclaré Richard Girardot, sur France Info. « On va tout vérifier » avec les associations et « la semaine prochaine on sera à même de prendre une décision » en se conformant à la légalité, a-t-il ajouté.
Le dirigeant a souligné que les quantités retrouvées « sont inférieures à toute législation européenne et française », à ne pas confondre avec les seuils de recommandation.

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