Les risques biologiques ne concernent plus uniquement les milieux hospitaliers, mais touchent de plus en plus l’industrie agroalimentaire, ainsi que d’autres secteurs comme la gestion des déchets et le recyclage. Face à ces dangers invisibles, l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) vient de lancer un nouvel outil d’évaluation des risques biologiques, destiné à aider les entreprises à identifier, évaluer, et prévenir ces risques.
Un enjeu crucial pour l’agroalimentaire
Dans le secteur agroalimentaire, la présence d’agents biologiques comme les bactéries, virus, parasites, et champignons représente une menace sérieuse, non seulement pour la santé des travailleurs, mais aussi pour la sécurité des produits. Le risque de contamination peut entraîner des infections, des intoxications, voire des allergies, avec des conséquences potentiellement graves pour la chaîne de production et la réputation des entreprises.
Afin de répondre à ces défis, l’INRS, en collaboration avec les Carsat et la Cramif, a mis en place un nouvel outil d’évaluation spécifique pour les professionnels de l’agroalimentaire et d’autres secteurs exposés aux risques biologiques. Cet outil se veut accessible et intuitif, même pour ceux qui ne sont pas familiers avec ces types de risques.
Mettre en œuvre des mesures de prévention en amont
L’innovation de cet outil repose sur sa simplicité d’utilisation. Il guide les utilisateurs à travers un processus en trois étapes, permettant une évaluation détaillée des risques biologiques et la mise en œuvre d’un plan de prévention sur mesure. Les trois étapes clés sont l’évaluation des risques : l’entreprise identifie les réservoirs d’agents biologiques (sources potentielles d’infection) ainsi que les expositions possibles (par inhalation, contact ou ingestion). La proposition de mesures de prévention : l’outil suggère des mesures adaptées à chaque situation de travail, comme la modification des processus, l’utilisation de protections individuelles, ou encore la mise en place de barrières collectives. Et enfin, un plan d’action : téléchargeable au format Excel, il peut être intégré au document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP), obligatoire dans toute entreprise française.
Cet outil permet ainsi aux entreprises d’anticiper les risques et de mettre en œuvre des mesures de prévention en amont, évitant ainsi les interruptions coûteuses de production ou les risques sanitaires pour les employés.
La prévention des risques biologiques nécessite une approche globale et proactive. L’objectif principal de l’outil développé par l’INRS est de briser la chaîne de transmission des agents biologiques, du “réservoir” d’origine jusqu’au travailleur exposé. Les mesures techniques, telles que la gestion des flux de matières premières ou l’installation de dispositifs de filtration d’air, sont complétées par des initiatives organisationnelles : formation du personnel, optimisation des postes de travail, et utilisation de protections adaptées.
Pour soutenir cette démarche, l’INRS propose également un webinaire dédié, qui aura lieu le 7 novembre à 11h00, intitulé « Évaluer les risques biologiques : un nouvel outil pour les entreprises ». Ce webinaire vise à sensibiliser les entreprises et les services de santé au travail sur la gestion des risques biologiques en milieu professionnel, en les aidant à mieux appréhender ces dangers et à mettre en place des actions de prévention concrètes.
Un module d’autoformation pour renforcer la prévention
En complément de cet outil, l’INRS a également développé un module d’autoformation en ligne spécifiquement destiné aux Services de prévention et de santé au travail (SPST). Ce programme interactif de deux heures permet aux professionnels de se former sur les notions fondamentales des risques biologiques et d’acquérir les compétences nécessaires pour les évaluer et les prévenir en milieu professionnel. Ce parcours, ponctué de situations concrètes issues de différents secteurs, s’adresse aussi bien aux experts qu’aux non-initiés. À l’issue de la formation, les participants peuvent passer un test d’évaluation et obtenir une attestation de réussite.
L’INRS ne compte pas s’arrêter là. D’ici 2025-2026, d’autres modules viendront enrichir l’autoformation en ligne, couvrant des risques professionnels tels que les risques chimiques ou les nuisances sonores, afin d’offrir aux entreprises un éventail complet de solutions de prévention.