Le manque de transparence dans les chaînes logistiques des produits de la mer inquiète un collectif d’investisseurs internationaux. Lors d’une consultation menée par le réseau FAIRR, sept grandes entreprises du secteur ont été appelées à renforcer leurs systèmes de traçabilité pour répondre aux risques réglementaires, réputationnels et opérationnels que ce déficit engendre.
“Alors que les réglementations se durcissent et que les consommateurs exigent une plus grande responsabilité, les entreprises qui font défaut d’instaurer des systèmes de traçabilité fiables s’exposent à des risques importants, tels des problèmes de conformité, compromettant aussi leur rentabilité à long terme. Les investisseurs reconnaissent que la traçabilité n’est pas seulement une nécessité réglementaire, c’est un impératif stratégique pour la sauvegarde de la confiance des consommateurs et les rendements à long terme”, souligne le rapport de FAIRR.
Bien que toutes ces entreprises aient reconnu l’importance de la traçabilité, aucune n’a encore dévoilé de plan concret pour instaurer des systèmes fiables et complets. Seules deux d’entre elles, Charoen Pokphand Foods et Thai Union, se distinguent par des engagements couvrant l’intégralité de leurs opérations. Les autres restent à la traîne, exposant leurs investisseurs à des risques majeurs.
20 % des prises de produits de la mer sauvages proviendraient d’activités illégales
Le rapport publié par FAIRR souligne les impacts économiques et environnementaux de cette défaillance. À l’échelle mondiale, environ 20 % des prises de produits de la mer sauvages proviendraient d’activités illégales, non déclarées ou non réglementées, pesant jusqu’à 36 milliards de dollars sur l’économie mondiale chaque année. De plus, ces pratiques compromettent la durabilité des stocks de poissons et luttent difficilement contre des enjeux tels que la destruction des habitats ou les violations des droits humains.
Face à une réglementation de plus en plus stricte – comme la FSMA aux États-Unis ou la directive européenne sur la durabilité – et à des consommateurs exigeant davantage de transparence, la traçabilité s’impose comme une priorité stratégique. L’absence de progrès expose les entreprises à des sanctions légales et à une perte de confiance.
En 2025, le collectif FAIRR entend continuer à inciter ces entreprises à adopter des systèmes numériques et interfonctionnels alignés sur les meilleures pratiques, comme les normes du Dialogue mondial sur la traçabilité des produits de la mer (GDST). La traçabilité devient une condition indispensable pour garantir durabilité et résilience dans un secteur crucial pour l’économie mondiale.