agro-media.fr : Bonjour M. Desessard vous êtes responsable des ventes pour la région Grand Ouest chez Mettler Toledo dans la division industrie. Mettler Toledo est une société spécialisée dans les équipements de pesage ainsi que les équipements de contrôle. Vous avez réalisé hier une conférence sur le contrôle du dosage des produits préemballés est-ce que vous pouvez nous résumer les points principaux de cette intervention ?
M. Desessard : Le but était de parler du contrôle dans les usines des produits préemballés à poids fixe. Vous avez des emballages tels des pots de foies gras sur lesquels il va y avoir marqué E ou poids fixe = 100g. Quand on vend en poids fixe on est tenu à faire un certain nombre de contrôle. Dans les usines de production le travail se fait de deux manières :
- Soit par prélèvement d’échantillons aléatoire : l’opérateur va sur la ligne, prend un échantillon de x produits, les pèse et surveille leur moyenne. Il faut ainsi que la moyenne de lot soit supérieure ou égale au poids nominal. Il doit sortir de sa production toutes les valeurs qui sont en-dessous d’un certain seuil fixé à 9% de la quantité nominale. Si un individu dans un lot est en-dessous de cette valeur c’est une clause de destruction du lot. Si la répression des fraudes tombe sur un individu en-dessous de ce seuil il peut y avoir des amendes.
- Soit par contrôle à 100% via des trieuses pondérales notamment qui permettent de contrôler tous les individus, récupérer des informations, de réguler et d’éjecter les produits défaillants.
Notre société propose à la fois des outils statiques pour réaliser les contrôles aléatoires et des outils dynamiques pour réaliser des contrôles à 100%.
Il ne faut pas oublier que sous-doser en-dessous d’un certain seuil est illégal mais que surdoser est une perte de production. Tout l’enjeu des industriels est ici. Ils ont le droit d’avoir des individus sous-dosés dans une certaine tolérance mais n’ont pas le droit d’avoir une moyenne inferieure à la valeur nominale ni ce que l’on appelle des PU2-, c’est à dire des individus avec une quantité inferieure à 9% de la quantité nominale. Pour cela il faut que l’industriel mette en place des contrôles ou alors qu’il travaille ces process mécaniques. C’est un enjeu important.
agro-media.fr : Est-il forcément nécessaire de réaliser de lourds investissements en matériels de contrôles pour ne pas trop sous-doser et ne pas trop surdoser ?
M. Desessard : Tout dépend où en est l’industriel. Cela dépend aussi du produit. Ainsi, si on a des procédés complexes il va falloir vérifier le poids à chaque étape pour arriver à quelque chose de juste sur la composition finale du produit. Au contraire les produits simples comme le beurre par exemple ne vont demander que peu de contrôles. Après tout est fonction de la mécanique et de comment se comportent les opérateurs. Si vous avez une mécanique qui est défaillante, qui n’est pas suffisamment précise, le contrôle du poids ne va faire que constater les dysfonctions en amont. Si on met une trieuse pondérale dynamique en fin de ligne mais qu’avant la mécanique n’est pas suffisante on va éjecter tous les produits.
agro-media.fr : C’est donc un ensemble, des contrôles performants ne suffisent pas à avoir une production parfaitement dosée ?
M. Desessard : Exactement, après lorsque l’on a des procédés complexes d’assemblages cela veut dire qu’il faut effectuer le contrôle à plusieurs endroits de la chaine pour arriver à une composition globale et finale correcte et conforme au poids fixe. Après sur un produit simple c’est la mécanique qui va faire que l’on va être bon dès le départ.
Un pesage statique de prélèvement d’individus sur une chaine est complémentaire d’un pesage dynamique qui lui va pouvoir sortir les Pu2- s’il y a un accident. Les gens pensent parfois qu’en achetant une trieuse pondérale ils vont régler leurs problèmes, c’est faux. La balance ne règle pas le problème elle ne fait que le mettre en évidence. Tout en sachant que la balance peut aussi donner des messages de régulation. Grace à des algorithmes mécaniques, lorsqu’une dérive de la moyenne va être constatée, au bout d’un certain temps, la machine va envoyer un message pour petit à petit revenir à la valeur nominale.
agro-media.fr : Récemment il y a eu des affaires avec des éléments contaminants dans des denrées, des dents dans des steaks hachés, une souris dans une boite de conserve, malveillance ou simple accident de production ?
M. Desessard : A mon avis ce sont des accidents mais il y a des solutions à cela. Les industriels en parleraient mieux que moi mais je pense que c’est purement accidentel. Par exemple dans notre division inspection nous proposons des machines à détection de particules par rayon X, un rayon traverse tous les contenants et lorsqu’il rencontre une densité différente, c’est-à-dire un corps étranger il va considérer que c’est un individu contaminé et va l’éjecter. Il y a des solutions à ces problèmes là donc à mon avis c’est accidentel.
agro-media.fr : On assiste de plus en plus à une augmentation des cadences de production, est-ce que vous ne pensez pas que contrôle dynamique précis et cadences de plus en plus soutenues s’opposent ?
M. Desessard : Non, on a des machines capables de trier en dynamique de manière très rapide. Je pense que les machines de contrôles s’adapteront à ces cadences toujours plus élevées. Là ou il y a des problèmes aujourd’hui, c’est justement là où il n’y a pas de machines de contrôles suffisantes. Le contrôle du procédé industriel, va, au contraire, améliorer le résultat et diminuer le nombre d’accidents, qui sont tout de même de moins en moins nombreux. Je pense que la technique peut suivre la production.
agro-media.fr : Au niveau des industries agroalimentaires du Sud Ouest est ce que vous savez où elles en sont quant à l’installation de tels systèmes ?
M. Desessard : Je connais bien la Bretagne, après le Sud Ouest je ne peux pas vous répondre. En Bretagne il y a beaucoup de grosses usines, de gros industriels et ils sont très au courant et bien équipés. Quand il y a une défaillance, il y a toujours des plans en interne. C’est une approche très sérieuse. Il me semble tout de même que cela va dans le sens de l’industrialisation du contrôle. Nous n’avons jamais autant vendu de systèmes de contrôle en réseau, interfacé vers des systèmes informatiques. On sent que c’est vraiment un objectif des industriels.
Agro-media remercie M. Pascal Desessard pour sa disponibilité et vous invite à découvrir le stand Mettler Toledo au salon Agro Sud Industrie d’Agen dans le Hall Villeneuve.
Propos recueillis par Julien MASSONNAT pour agro-media.fr