Dans un entretien accordé au Figaro en date du 20 août, Paul Polman, le patron du groupe Unilever, critique ouvertement la politique industrielle de la France.
Le patron de l’entreprise agroalimentaire à laquelle appartient Fralib, la désormais célèbre usine de fabrication de thés de Gémenos, estime notamment être allé « bien au-delà de [ses] obligations légales ». « Nous avons dû fermer l’usine car nous souffrons d’importantes surcapacités de production de thés et d’infusions en Europe. Nous sommes maintenant arrivés à une solution responsable. Nous avons montré pendant deux ans une véritable ouverture au dialogue. Le plan social a été validé par les tribunaux, nous avons offert à tous les salariés la possibilité de travailler sur l’un de nos autres sites en France aux mêmes conditions, et nous avons cédé des machines pour un euro symbolique ». Paul Polman conclut en expliquant que « cela a couté très cher ».
A propos de la réflexion du candidat François Hollande qui envisageait à l’époque la possibilité de la cession de la marque Eléphant suite à la décision d’Unilever de fermer l’usine Fralib, Paul Polman répond : « Il n’est pas question de céder la marque Éléphant ou de sous-traiter des volumes. Si la France ne respecte pas ses lois, cela fera peser un risque sur les investissements (…) Quand nous investissons dans une usine en France et créons des emplois, comme nous le faisons à Compiègne, est-ce que le gouvernement nous donne une marque en échange ? »
Enfin, Paul Polman entend également alerter le gouvernement sur les risques que la France pourrait encourir en cas d’un trop grand interventionnisme : « Certains de mes homologues se posent la question, et j’observe que les investissements étrangers directs en France ont baissé ces derniers mois. Cela n’est pas le cas pour Unilever (…) C’est important pour la France d’avoir un environnement acceptable. Si le pays manque de compétitivité, ses citoyens en pâtiront. »
« Nous avons décidé d’investir plus de 20 millions d’euros dans notre usine de dentifrice à Compiègne et d’y créer vingt et un CDI. Cette usine, qui exportera 60 % de sa production vers l’Europe, a reçu des volumes provenant d’une usine fermée aux Pays-Bas, et d’autres rapatriés de Slovaquie. Pour réaliser cela, nous avons eu moins de problème qu’à Gémenos. »
Source : agro-media.fr avec Le Figaro