On ne compte plus les crises sanitaires européennes qui ont défrayées la chronique avant et pendant l’été. De nombreux morts, une confiance des consommateurs qui s’érode… Même les produits bios sont devenus suspects aux yeux des consommateurs. Mais, et ce n’est pas forcément rassurant, le vieux continent n’est pas le seul touché. Entre le 1er mars et le 3 août dernier, 78 personnes ont été infectées aux Etats-Unis, dont une est décédée, à cause d’une souche de salmonelle appelée « multirésistante ». Cargill, puisque c’est de cette entreprise agroalimentaire qu’était venue l’alerte, avait alors dû rappeler 16 000 tonnes de viandes de dinde hachées. Le coupable a vite été identifié : S. Heidelberg.
Sous ce nom barbare se cache une souche de salmonelle multirésistante à de nombreux antibiotiques couramment utilisés en santé humaine. L’enquête menée par le CDC (Centers for Diseases Control and prevention) avait permis de remonter jusqu’à Cargill et sa viande de dinde hachée, plus précisément le site de production de Springdale en Arkansas. Une autre souche de salmonelle multirésistante sera mise en évidence par une équipe de chercheurs internationaux, Salmonella enterica sérotype Kentucky, qui fera l’objet d’une alerte mondiale.
Menée en France par des chercheurs de l’Institut Pasteur, l’étude pointe du doigt l’augmentation significative des cas de salmonelloses dues à des formes résistantes, et même multirésistantes, aux antibiotiques. L’utilisation massive d’antibiotiques dans les filières d’élevage se retrouve sur le banc des accusés. De nombreux chercheurs estiment que c’est cela qui entraîne aujourd’hui l’augmentation, certes anecdotique, de ce phénomène. Sur les 500 cas humains recensés par les chercheurs entre 2002 et 2008, 489 pour être précis, trois ont été comptabilisés en 2002, 175 en 2008. Plus inquiétant, alors que c’est en Afrique, et même en Egypte, qu’est née Salmonella Kentucky, l’augmentation des cas décelés entre 2002 et 2008 en Europe ne peut simplement être attribuée aux voyageurs ayant séjournés dans ces pays.
L’infection pourrait donc bien avoir lieu en Europe. L’étude présente plusieurs facteurs jugés responsables de cette situation :
- tout d’abord, le banalisation de l’utilisation des fluoroquinoles, antibiotiques utilisés sur les élevages de volaille au Nigéria ou au Maroc notamment, est probablement à la base de l’accélération de la diffusion de la bactérie ;
- les produits de la mer sont également cités comme réservoirs possibles ;
- le dernier élément, encore à l’étude, serait les épices et les végétaux crus importés.
On se rappellera bien évidemment que la récente crise E. Coli 0104 : H4 au niveau européen proviendrait à l’origine, selon les autorités, d’Egypte également…