Les aventures du groupe de spiritueux Belvédère ressemblent à un véritable feuilleton. Après trois ans de manœuvres juridiques, le propriétaire des marques Marie Brizard, Sobieski et William Peel vient finalement d’être placé hier en redressement judiciaire. Mais comment en est-on arrivé là ?
- Tout commence en 2008. Belvédère est en proie à des difficultés financières et est placé en juillet sous procédure de sauvegarde, afin de rééchelonner sur dix ans une dette de plusieurs centaines de millions d’euros.
- Début 2011, les créanciers du groupe de spiritueux, fédérés autour de la banque américaine New York Mellon, saisissent la justice française. Ils considèrent que le groupe n’a pas respecté les conditions du plan de sauvegarde négocié trois ans auparavant.
- La cour d’appel de Dijon donne raison aux créanciers et le plan prend fin le 7 juin 2011.
- Cependant, à Nîmes, les choses bougent. En effet, le tribunal de commerce décide d’étendre une procédure de sauvegarde déjà placée sur la maison de vins Moncigale, filiale de Marie Brizard et donc sous-filiale de Belvédère, au groupe dans son intégralité, le 1er juillet 2011.
- Aussitôt, Belvédère décide de déménager son siège social de Beaune (21) à Beaucaire (30). C’en est trop pour les créanciers qui dénoncent alors une manigance afin d’accélérer les procédures à Nîmes, où la justice semble plus favorable à Belvédère qu’à Dijon.
- Et la suite leur donne raison : hier, le tribunal de commerce de Nîmes a placé hier en redressement judiciaire le groupe de vins et spiritueux, allant ainsi à l’encontre des demandes des créanciers. L’action a même chuté de 36%.
Ainsi, le directeur général délégué du groupe, Krzysztof Trylinski, a déclaré à nos confrères de l’AFP : « j’ai eu l’information par nos avocats nîmois, nous sommes placés en redressement. Cela concerne Belvédère et notre filiale Moncigale ». Selon un communiqué publié par le septième producteur mondial de vodka, « cette modification de procédure ne change en rien le cours de la période d’observation de ces deux sociétés (ndlr : Belvédère et Moncigale) ». Elle « confirme, si besoin était, la mise sous protection de la justice du groupe Belvédère et doit permettre aux dirigeants de présenter un plan de redressement assurant la pérennité du groupe à ses salariés et donnant satisfaction à ses créanciers ».
Quoi qu’il en soit, le montant de la dette s’élevait en septembre à 375 M€, et même à 500 M€ intérêts compris ! Le directeur général délégué a également démenti les accusations de ses créanciers, qui accusent Belvédère de vouloir accélérer les procédures à Nîmes : « le placement en redressement judiciaire n’était pas notre souhait. Belvédère se porte bien. Notre marque de vodka Sobieski progresse en Pologne, mais nous sommes victimes de la guerre économique que nous livre notre concurrent Oak Tree Capital, un hedge fund américain qui a racheté une partie de notre dette à 20% de sa valeur et veut désormais saisir nos actifs ».
Le feuilleton judiciaire est loin d’être fini étant donné que le parquet a fait appel de la décision du tribunal concernant ce placement en redressement judiciaire. Prochain épisode le 13 octobre 2011.