La Fédération des Spiruliniers de France (FSF) et Darwin Nutrition viennent de publier la première étude sur la production française de spiruline, une thématique que l’on aborde peu lorsqu’il est question de spiruline. En effet, si la spiruline et ses bienfaits exceptionnels commencent à être connus du grand public en France, son origine, ses producteurs et la position de leadership de la France le sont moins.
On le sait tous, aujourd’hui, la spiruline, “l’aliment du futur” selon l’ONU, est une cyanobactérie, un micro-organisme aquatique vivant grâce à la photosynthèse. Elle existe depuis 3,5 milliards d’année. A mi-chemin entre le monde animal et végétal, la spiruline est considérée comme l’aliment le plus riche et le plus équilibré après le lait maternel. Elle contient en effet 3 fois plus de protéines que le boeuf, 12 vitamines, 11 minéraux et oligo-éléments, ainsi que 18 acides aminés. Ce que l’on sait peut-être moins c’est qu’au delà de ses caractéristiques nutritionnelles exceptionnelles, la spiruline présente des qualités environnementales uniques. La production de la protéine de spiruline consomme en effet 30 fois moins d’eau que la production de la protéine de soja, et la croissance de la cyanobactérie passe par l’absorption de grandes quantités de CO2, et la production d’oxygène.
Depuis que l’on en connait ses vertus, la consommation mondiale de spiruline a ainsi explosé. Le marché mondial de la spiruline représenterait 346 M$ en 2018, en croissance de 11% par an (Allied Market Research).
La spiruline importée : 90% de la consommation française !
Avec une consommation totale estimée à 400 tonnes, la France fait partie des grands marchés de la spiruline au niveau mondial. Mais, 90% de la consommation française est issue de spiruline importée. Et pour cause, elle est ultra compétitive en termes de coût, car produite essentiellement en Chine, en Inde et aux Etats-Unis dans de grandes fermes industrielles. La méthode de fabrication, et notamment les techniques de séchage de la spiruline (haute / basse température), est responsable d’une différence majeure de qualité entre les produits importés, et la production française qualifiée de “paysanne”.
«Au delà de problèmes de contamination, relevés notamment par l’ANSES dès 2017, la spiruline industrielle n’offre généralement aucune information de traçabilité, présente des qualités gustatives dégradées et une richesse nutritionnelle moindre que la spiruline paysanne produite en France» indique l’étude réalisée par La Fédération des Spiruliniers de France et Darwin Nutrition.
Une production française en forte croissance, centrée sur les circuits courts
Parallèlement, en France, sur les 5 dernières années, le nombre de producteurs de spiruline a doublé et leur chiffre d’affaires a quadruplé. Cependant, la structure du marché français reste particulièrement originale relève l’étude : la production est fragmentée entre des petits producteurs de plus en plus nombreux (passés de 50 en 2013, à 133 en 2019) qui maillent le territoire français, et adressent un marché d’abord local. Premier constat : La spiruline française est surtout vendue en circuits courts – le e-commerce, la vente à la ferme, les marchés et les salons représentant 70% des ventes – ce qui assure des marges préservées aux producteurs. Un choix qui apparaît gagnant puisqu’entre 2014 et 2018 les surfaces cultivées ont doublé, et le chiffre d’affaires des producteurs a triplé pour atteindre plus de 6M€ en 2018.
Spiruline française, des perspectives d’avenir prometteuses
Représentant environ 80% des producteurs de spiruline française, la Fédération des Spiruliniers de France travaille sur 3 chantiers d’importance. «Depuis sa création en 2009, la R&D est un objectif prioritaire : il s’agit d’optimiser le processus de production et de contrôle de la spiruline, dans le but d’obtenir une qualité nutritionnelle sanitaire et gustative toujours plus grande, pour une empreinte écologique parfaitement maîtrisée» explique la FSF qui travaille également à la création d’une marque certifiée collective, qui permettrait aux producteurs français de se différencier des produits importés, et qui reflèterait leur savoir-faire unique.
Enfin, la labellisation Bio de la production française auprès de l’Union Européenne est une initiative cruciale, bien que complexe d’un point de vue réglementaire. L’enjeu est important : de nombreux produits importés sont qualifiés de “bio” compte tenu de règles d’équivalence entre l’UE et le pays exportateur, et ce sans visibilité ni contrôle sur les conditions de production. Compte tenu de ces initiatives et de la forte croissance de la consommation en France, on estime que la production française devrait doubler d’ici 2022 pour atteindre 80 tonnes, et 16 millions d’euros de chiffre d’affaires par an.
(Source : Etude de la Fédération des Spiruliniers de France et de Darwin Nutrition)