Ca y est, le légume le plus consommé par les français, la tomate, est officiellement en crise conjoncturelle. Il rejoint ainsi la pêche nectarine, la poire et l’artichaut, dans la même situation. Ainsi, « le prix de la tomate a diminué en moyenne de 28% sur les cinq dernières années pendant plus de cinq jours consécutifs », explique Pierre Diot, président de l’AOP tomates, concombres et laitues. Ces prix « anormalement bas » et observés pendant plus de trois jours d’affilée, ont permis de déclencher « l’application de l’accord de modération des marges passé entre la distribution et les producteurs dans le cadre de la loi de modernisation de l’agriculture ». Ainsi, les maraîchers attendent des distributeurs qu’ils réduisent leurs marges afin de mieux rémunérer les producteurs et de baisser leurs prix de vente afin de rendre le produit plus attractif. Les tomates écoulées pour le moment le sont à perte. Pierre Diot explique ainsi que « le prix de la tomate payé au producteur est actuellement compris entre 60 et 70 centimes le kilo, soit une chute de 30 à 35% par rapport à l’an dernier. Compte tenu de nos coûts de production, qui se composent pour moitié de charges de personnel et d’énergie, notre prix moyen de revient se situe actuellement entre 90 centimes et 1 euro ». Mais pourquoi la tomate est-elle en crise ? Les raisons sont multiples :
- Les tomates hollandaises, belges et espagnoles saturent le marché depuis l’épidémie d’Escherichia coli fin mai 2011 et font baisser les prix.
- La météo, qui est passée « de l’été à l’automne », selon Angélique Delahaye, présidente de Légumes de France, « a réduit l’appétit du consommateur pour ce légume davantage consommé par beau temps ».
- Les productions de tomates dans les jardins familiaux se multiplient et représentent aujourd’hui « 100 000 tonnes de tomates par an, soit plus de 10% de la consommation nationale », explique Pierre Diot.
- La tomate entre en concurrence directe avec d’autres fruits et légumes tels que le melon, plus aisément consommable en entrée par exemple.
Tous ces phénomènes, mis bout à bout, mettent donc la profession à rude épreuve. Les producteurs de légumes avaient d’ores et déjà tiré la sonnette d’alarme le 2 août 2011 et avaient appelé la grande distribution à rendre ses pratiques raisonnables. Reste à savoir quelle sera la réaction de cette dernière.