La Commission européenne a proposé le 19 juillet d’interdire d’ici deux ans le chalutage en eaux profondes, après avoir élaboré un règlement mettant en place un système d’autorisations de pêche en eaux profondes dans l’Atlantique Nord-Est.
Maria Damanaki, la commissaire à la Pêche, a expliqué que « parmi tous les engins de pêche, ce sont les chaluts de fond utilisés pour la pêche profonde, qui présentent le plus de risques pour les écosystèmes marins vulnérables et qui enregistrent les taux les plus élevés de captures non désirées d’espèces d’eau profonde ». Ce taux est de l’ordre de 20 à 40%.
Cette interdiction ne s’appliquerait qu’aux pêcheries ciblant les espèces d’eaux profondes et ne reviendrait donc pas à une interdiction totale de la pêche en au chalut de fond.
Alors que Michel Barnier s’était opposé à la proposition de la semaine dernière, il a fini par lever ses objections sans que le texte ne soit modifié pour autant.
De son côté, le ministre français délégué à la Pêche, Frédéric Cuvillier, a dénoncé une interdiction « sans discernements » de certains engins de pêche, qui aurait « de très lourdes conséquences socio-économiques et ne serait pas acceptable ».
Les navires qui seront impactés par une telle mesure sont en grosse majorité français, espagnols et portugais. En France, une dizaine de bateaux employant environ 500 personnes seraient concernés. Les élus bretons ont décrié dans un communiqué « une décision inacceptable qui ne s’appuie sur aucun rapport scientifique récent ». Pour eux, les conséquences socio-économiques d’une telle interdiction seraient « catastrophiques » alors que « si la pêche de grands fonds a pu causer des problèmes environnementaux à la fin du XXème siècle, la prise de conscience des professionnels a permis depuis de diminuer son empreinte écologique d’un facteur 4 et en a fait une des pêches les plus durables d’Europe ».
Au contraire, les ONG se réjouissent de l’intervention de la commissaire européenne à la Pêche, dont l’association environnementale Bloom a salué le « courage » de vouloir « mettre fin à une aberration écologique et économique ».
Saskia Richartz, de Greenpeace, a rappelé que cette pêche était parmi « les plus destructrices, les plus consommatrices en carburant et les plus dépendantes des subventions européennes ».
De plus, Xavier Pastor d’Oceana Europe a pointé du doigt le fait que les espèces exploitées en eaux profondes étaient associées à des écosystèmes particulièrement vulnérables.
Source : agro-media.fr avec AFP.