La forte volatilité des cours des matières premières au cœur des débats cet été a fait ressurgir la question des négociations entre distributeurs et entreprises agroalimentaires. La semaine dernière a vu s’ouvrir pour la cinquième fois la période de ces négociations, dans le cadre de la Loi de Modernisation de l’Economie, négociations qui dureront jusqu’en février.
Et déjà chacun marque ses positions. Ainsi, les entreprises agroalimentaires réclament-elles une modification de la LME, estimant que celle-ci donne trop de pouvoir à la grande distribution, et ne leur donne aucune solution en cas de volatilité des matières premières agricoles, comme ce fut le cas cet été. Xavier Riescher, directeur général du groupe Panzani, expliquait : « la loi a été conçue à une époque où les fluctuations de matières premières étaient de 10%, aujourd’hui elles sont de 100%, les industriels ont besoin d’ajustements en cours d’année ».Pour lui, « on fragilise l’industrie agroalimentaire qui était très puissante », d’autant plus que « la variable d’ajustement c’est l’emploi ».
Xavier Riescher
De son côté, la Fédération du Commerce et de la Distribution défend une toute autre position, mettant en avant la défense du pouvoir d’achat des consommateurs : « la volatilité, c’est un prétexte, ce n’est pas au consommateur de payer la note », estime Jacques Creyssel, délégué général de la FCD. Un responsable d’Auchan a également ajouté : « En tant que fabricant de MDD (produit à la marque du distributeur), on connaît la décomposition de la valeur par produit, ça nous permet de voir la compétitivité des industriels les uns par rapport aux autres ».
Seul Serge Papin, comme nous vous le présentions, c’est prononcé pour des aménagements de la LME, notamment pour qu’elle soit plus favorable au PME. Le président de Système U estime que la guerre des prix que se livrent les distributeurs sur les grandes marques nuisait aux petits acteurs : “Les cocos de Paimpol financent le cola d’Atlanta“.
Serge Papin
Enfin, l’emblématique patron des centres Leclec, Michel-Edouard Leclerc, estime que « le concurrent du porc breton, ce n’est pas Leclerc, c’est le porc allemand ou le porc hollandais ». “C’est évident que c’est plus difficile d’être petit que grand, d’être industriel que distributeur mais chacun a choisi son métier”, selon lui.
Michel-Edouard Leclerc
“Le consommateur se dit soucieux de l’environnement et du social mais n’est pas prêt à en payer le prix”, confirment les analystes de Deloitte estimant que le contexte difficile pourrait faire émerger “un nouveau mode de collaboration entre distributeurs et industriels en faveur des clients”.
Source : agro-media.fr avec AFP