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Après 3 ans de baisse, les prix des produits des industries alimentaires ont progressé en 2017

En 2017, les prix des intrants pour l’agriculture (+1%) et des produits des industries alimentaires (+1,4%) sont en hausse après trois années de baisse. En moyenne, les prix agricoles sont également en hausse (+3,2%), mais avec des disparités selon les produits.

C’est ce qu’il ressort du dernier rapport édition 2018 de l’Observatoire de la formation des prix et des marges qui a analysé les prix dans les filières agroalimentaires en 2017.
Après les fortes baisses de 2014 et 2015 et la stagnation de 2016, l’année 2017 est caractérisée par une amélioration des prix à la production agricole, considérée dans son ensemble, avec une hausse moyenne de 3% par rapport à 2016, indique le rapport.
Parmi les produits agricoles des filières alimentaires suivies par l’Observatoire, une hausse des prix à la production s’observe pour le porc (+6% en 2017, avec la reprise de la demande asiatique), les bovins de boucherie (+3,6%, hausse liée au recul des abattages de vaches laitières), le lait de vache (+13%, mais par rapport au très bas niveau de 2016), le lait de chèvre (+1,3%), le blé tendre (+4,6%, mais par rapport au très bas niveau de 2016) et les poissons (+5% en 2017, d’après l’évolution de l’indice des prix de gros).
En revanche, le prix du blé dur à la production a continué de baisser en 2017 (-7% par rapport au niveau déjà bas de 2016), celui des légumes est également en baisse (-5%), le prix à la production des volailles et des fruits est stable.

Une hausse des prix sortie industrie sur les produits laitiers, les découpes de porc et le jambon cuit

Les prix des produits des industries alimentaires considérés globalement, progressent en 2017 (+1,4% selon l’indice des prix de production de l’industrie alimentaire de l’Insee), après 3 ans de baisse. Dans les secteurs suivis par l’Observatoire, la hausse des prix sortie industrie concerne les produits laitiers (+3% dans l’ensemble, +23% sur l’ensemble beures-poudres), les découpes de porc (+8,6%), le jambon cuit (+3%).


En revanche, les prix de l’industrie baissent s’agissant des viandes bovines (-1,3%, toutes viandes bovines confondues) et des pâtes alimentaires (-4,6%). Le rapport observe que les prix à la consommation alimentaire, en baisse en 2014, quasi stables en 2015, enregistrent en 2017 une nouvelle hausse d’un peu plus de 1%, comme en 2016, et légèrement supérieure à l’inflation générale.
Dans les filières suivies par l’Observatoire, la hausse de l’indice des prix à la consommation est le fait de la viande porc frais (+1,6%), du jambon (+1,4%), de la viande bovine (+1,2%), des fruits (+2%) et des légumes (+5%) et des poissons (+4%). L’indice des prix à la consommation révèle une baisse notable pour les pâtes alimentaires (-2%), et une quasi stabilité pour les volailles, les produits laitiers et le pain.
Pour certaines filières, notamment au stade de la consommation, les évolutions de prix moyens des produits suivis par l’Observatoire, peuvent s’écarter de celles des indices de prix à la consommation (évoquées ci-dessus) principalement du fait de différences dans la nature des produits et dans leur pondération dans les ensembles suivis.

Plusieurs produits carnés présentent un prix moyen au détail en hausse en 2017

L’indicateur national des prix moyens pondérés des gros bovins entrée abattoir (FranceAgriMer) progresse de 3,2% en 2017 par rapport au niveau bas de 2016 où les cours étaient très déprimés par l’afflux de vaches dans les abattoirs du fait de la crise laitière.
Le prix à la production progresse également pour le pour le porc (+6%), à nouveau sous l’effet de la demande asiatique. Plusieurs produits carnés suivis par l’Observatoire présentent un prix moyen au détail en hausse en 2017 : +1,3% pour la longe de porc (côtes, rôtis, filets, escalopes) après plusieurs années de baisse ou de stagnation, +3% pour le jambon cuit et le poulet standard tous segments confondus (hausses pouvant être dues à une montée en gamme des achats des consommateurs), +2% pour l’agneau (prix en hausse continue).

Les produits carnés, côté GMS

Avec moins de 1% de hausse, le prix moyen au détail en GMS du panier saisonnier de viande de bœuf du rayon boucherie reste plutôt stable en 2017, ce prix moyen a peu évolué depuis 2015 (environ 1% de hausse).
Même stabilité en 2017 pour le prix moyen au détail des achats en GMS de steaks hachés frais ou réfrigérés à 15% de MG, et ce malgré la probable montée en gamme à l’intérieur de cette catégorie, ainsi que pour les découpes de poulet ou le poulet de label entier.
À l’inverse de 2016, sous l’effet de la remontée des prix à la production agricole, les indicateurs moyens de marge brute (différence entre prix de vente et coût en matière première) des maillons d’abattage- découpe des filières carnés ont généralement diminué en 2017 ; la part de cet indicateur dans la valeur finale au détail diminuant également ou restant stable. Dans la distribution au détail en GMS, en 2017, l’indicateur de marge brute est resté pratiquement stable, tant en niveau (€ / kg) qu’en taux (pourcentage du prix de vente), sur plusieurs produits carnés suivis par l’Observatoire. C’est le cas pour les produits de longe de porc (taux restant de l’ordre de 33% pour les produits en UVCI, 52% pour les produits en UVCM), pour le panier de viande de bœuf et, parmi les produits de ce panier, pour le steak haché (taux de marge brute de 30%).
Le montant de l’indicateur de marge de la distribution en GMS a augmenté sur le kg de jambon cuit (+3%), mais, rapporté au prix de vente, le taux de marge reste identique, à 38%. Une augmentation plus importante s’observe sur le poulet standard entier, le niveau de l’indicateur augmente de 11% et, rapporté au prix de vente, passe de 42% à 45%.

En 2017, la hausse inédite des cours du beurre a diminué le coût de la matière première des PGC laitiers

La transformation du lait de vache par l’industrie en produits laitiers de grande consommation (PGC : lait, fromages, yaourts…) génère, à côté de ces PGC, une production de coproduits (matières grasses, matières protéiques, lactosérum) dont il est d’usage, pour l’analyse, de déduire la valorisation (sous la forme de beurres et de poudres à usage industriel) du coût d’achat du lait transformé. Ainsi, en 2017, la hausse inédite des cours du beurre a diminué le coût, ainsi calculé, de la matière première des PGC laitiers, et ce malgré la baisse des cours des poudres de lait.


Les indicateurs de marge brute industrielle calculés par l’Observatoire sont donc en hausse en 2017 pour les PGC suivis, beurre exclu (voir plus loin) mais leur poids dans la valeur finale du produit au détail varie toutefois assez peu : il passe de 44% à 48% pour le lait UHT, de 17% à 18% pour l’emmental (caractérisé par de plus faibles taux de marge industriel), de 33% à 36% pour le camembert et reste autour de 57% pour le yaourt nature (produit à fort taux de marge industrielle). Le ressaut inattendu, et probablement durable, de la demande mondiale en matières grasses laitières a entrainé une forte hausse des prix du «beurre-cube» destiné à l’industrie et des tensions sur les «beurres-plaquette», destinés à la consommation finale, sans toutefois que la hausse du prix au détail n’atteigne les niveaux de celle du «beure cube».
Ainsi, en considérant la valorisation du beurre cube comme le coût d’opportunité de fabrication du beurre plaquette, la marge brute industrielle du beurre-plaquette est-elle négative en 2017.
Au détail en GMS, la plaquette de beurre de 250 g voit son prix moyen hors TVA progresser en 2017 de 6,5% soit 34 centimes, pour une hausse du prix sortie industrie de 40 centimes.
Le prix moyen pondéré des achats au détail en GMS des fromages de lait de chèvre de type buchettes affinées a augmenté entre 2014 et 2017 (surtout jusqu’en 2016), mais uniquement sous l’effet du développement des achats de produits de marques nationales (MN, plus chers) aux dépens de ceux de marques de distributeurs (MDD), l’offre de MDD diminuant du fait du manque de lait de chèvre.
Mais à proportion MN / MDD constante, le prix moyen a baissé, malgré une hausse du coût en matière première, amortie par l’industrie et la distribution, dont les indicateurs de marge brute sont en diminution.

Le prix moyen du blé tendre meunier remonte en 2017

Le prix moyen du blé tendre meunier remonte en 2017 de 3,5% par rapport à son niveau très bas de 2016, indique le rapport de l’Observatoire. Mais, du fait du faible poids de la matière première blé dans la valeur du pain (6% en moyenne sur les 12 dernières années), ceci est sans incidence sur le prix moyen la baguette au détail. L’indicateur de marge brute de la meunerie et celui de son aval restent en 2017 pratiquement à leurs niveaux de 2016.

Dans la filière des pâtes alimentaires

Le prix moyen du blé dur utilisé par l’industrie des pâtes alimentaires progresse peu de 2016 à 2017, restant à un niveau inférieur d’environ 20% à celui des années 2014-2015.
En revanche, le prix moyen des pâtes sortie industrie, qui avait partiellement transmis la baisse du coût de la matière première en 2016, baisse encore en 2017, l’industrie voyant diminuer ainsi son indicateur de marge brute. Cette baisse n’apparaît que partiellement répercutée dans les prix au détail.

Des prix en hausse pour le panier saisonnier de fruits

L’année 2017 présente des prix en hausse pour le panier saisonnier de fruits suivis par l’observatoire, à l’expédition (+1,1%) comme au détail (1,3%), hausses faisant suite à celles de 2016 et 2015.
Sur le panier de légumes, on observe une baisse sensible du prix à l’expédition (-6,1%) et une quasi stabilité du prix au détail, évolutions faisant suite aux hausses de prix aux deux stades de 2015 et 2016.


Ainsi en 2017, l’indicateur de marge brute de la distribution progresse de 1,7% pour le panier de fruits et de 6% pour le panier de légumes.

Le prix du saumon fumé Atlantique en forte augmentation

Le prix au détail en GMS du saumon fumé Atlantique augmente fortement en 2017 :+14% soit + 4 € par rapport à 2016, alors que le coût moyen en saumon frais et congelé pour l’industrie de 0,17 €. Ceci semble résulter pour partie de la transmission différée des hausses de coût en matière première subies par l’industrie en 2016 (+3 €). Le prix moyen d’achat au détail en GMS du lieu noir découpé baisse sensiblement en 2017 : -0,50 € soit – 5,2%, suivant en cela la diminution du prix en criée (-0,56 €), au moins partiellement transmise par l’aval. Le prix moyen d’achat en GMS de la sole diminue également (-0,35 €, -2%), quasi parallèlement au prix en criée (-0,30 €, -2,2%).

Une stabilité des coûts de production agricole en 2017

Les résultats, encore prévisionnels de 2017 font état d’une relative stabilité du coût de production en élevage porcin due pour l’essentiel à celle du prix de l’aliment.
En production de viande ovine, par rapport à 2016, la rémunération permise des éleveurs s’améliore dans les systèmes de production. De 2016 à 2017, le coût de production et la marge nette conjoints de l’intégrateur et de l’éleveur de poulets standards ou de label rouge ou de dindes medium évoluent peu, compte tenu de la relative stabilité du coût de l’aliment (à la charge de l’intégrateur), liée à celle du prix des céréales.
Dans la production de lapin, une nouvelle baisse du coût de l’aliment permet au prix de vente des produits, par ailleurs en hausse, d’améliorer la marge nette, qui ne couvre toutefois pas toutes les «charges calculées». Sensiblement érodé en 2015 et 2016 par rapport aux années antérieures, le revenu moyen des producteurs spécialisés de lait de vache progresse en 2017.
Dans la production de lait de chèvre, le coût de production et le prix des produits ont peu varié entre 2016 et 2017. Les produits couvrent en moyenne le coût de production. La baisse conjointe des rendements et du prix du blé tendre en 2016 avait dégradé la marge nette des producteurs, devenue négative, à -61 € par tonne, avant même imputation de la rémunération calculée de l’exploitant.
Le prix du blé reste bas en 2017, mais le rendement moyen redevient « normal » : par conséquent, les produits (vente de blé et subventions) couvrent presque le coût de production « charges calculées » incluses. Pour les productions de fruits ou de légumes, l’observatoire ne dispose pas de données de coûts de production ni de revenu pour 2017. D’après les comptes nationaux prévisionnels de l’agriculture de 2017, la production de légumes en valeur est en baisse avec des volumes stables et celle de fruits est stable avec des volumes en hausse : le revenu moyen en 2017 pourrait avoir baissé dans les deux cas (tendance globale à la hausse des charges et valeur produite en baisse ou stable). (Sources : Observatoire de la formation des prix et des marge).

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