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Energies et agroalimentaire, la facture s’est alourdie pour les IAA.

5 294 000 tonnes équivalent-pétrole (tep). Tel est le chiffre de la consommation brute d’énergie en 2010 des établissements agroalimentaires français de plus de 10 salariés. On entend par consommation brute totale d’énergie la consommation de combustibles, additionnée de la consommation d’électricité et de l’achat de vapeur.

Il est intéressant de remarquer qu’après deux années de baisse consécutives (-6% en 2008 et -5% en 2009), cette consommation d’énergie est en hausse de 7% sur l’année 2010. Cette hausse peut être expliquée, selon Agreste (Statistique, évaluation et prospective agricole), par une augmentation de la production de la filière agroalimentaire (+1,3% en 2010). Cependant, les IAA ne sont pas les seules à avoir bénéficié d’une reprise d’activité en 2010. En effet, les autres  industries manufacturières ont aussi vu leur production augmenter, et de fait leur consommation énergétique. Mais, dans leur cas, cette dernière a été limitée à une hausse de 3%…

Pourquoi la facture énergétique des IAA s’est-elle autant alourdie ? Tous les secteurs sont-ils pareillement impactés ?

Agro-media.fr décrypte pour vous la consommation énergétique des entreprises agroalimentaires.

 

Des secteurs d’activité inégaux face à la consommation d’énergie

Comme le montre le graphique ci-dessous, les industries agroalimentaires ne sont pas égalitaires vis-à-vis de la consommation d’énergie. En effet, à eux trois, le secteur du travail des grains/produits amylacés, de la fabrication du sucre et l’industrie laitière représentent plus de la moitié de la consommation totale d’énergie dans l’industrie agroalimentaire. Avec plus de 880 000 tep chacun.

 

A l’inverse, les secteurs de la boulangerie-pâtisserie, de la fabrication de boissons ou de l’industrie des fruits et légumes sont les secteurs les moins consommateurs d’énergie, avec environ 5% chacun du total de l’énergie consommée.

 

Le gaz naturel, toujours l’énergie la plus consommée

Dans le détail des énergies consommées, on s’aperçoit que les combustibles sont toujours largement majoritaires, représentant 62% des énergies consommées, contre 33% pour l’électricité et 5% pour l’achat de vapeur. Parmi les combustibles, c’est le gaz naturel qui est le plus utilisé, avec à lui seul près de 2,5 millions de tep, soit 76% des combustibles consommés, ou encore 47% du total des énergies brutes !

La principale raison du succès de cette énergie est qu’elle est bien adaptée au chauffage des aliments et de leurs composants, et que, grâce à la baisse de son prix en 2010, le gaz naturel a permis de limiter la hausse de la facture énergétique des industries agroalimentaires.

Alors que le fioul lourd recule, toutes les autres consommations d’énergies progressent, et notamment le butane, propane, +22%.

L’électricité, avec 33% des énergies consommées, reste la deuxième énergie la plus utilisée par les entreprises agroalimentaires, pour un total de 1,7 millions de tep (+6% sur un an).

 

Le fioul lourd continue son recul

Sur une longue période, entre 1990 et 2010, on observe que la consommation de gaz naturel et d’électricité connait une croissance régulière, (respectivement +60% et +15%), tandis que le fioul lourd a subi une baisse marquée, de 923 à 261 milliers de tep, soit une régression de 70% en vingt ans !

 

L’énergie coûte toujours plus cher

En revanche, ce qui ne baisse pas, ce sont les prix de l’énergie, à l’exception du gaz naturel et de la vapeur. Avec une consommation totale d’énergie brute à la hausse, les entreprises agroalimentaires ont donc nécessairement connu des augmentations significatives de leurs factures énergétiques. Alors que l’électricité affiche une augmentation raisonnable de +2,8% sur un an, le butane et le propane (+27,6%), le fioul lourd (+24,5%) et le fioul domestique (+22,4%) ont vu leurs prix s’envoler.

Enfin, on note que, excepté l’électricité dont l’augmentation du prix, bien que réelle, reste contrôlée, les autres énergies les plus utilisées par la filière agroalimentaire sont pour le moins fluctuantes, et donc d’une grande variabilité d’une année sur l’autre. Il n’empêche que, même s’il y a des années de baisse, les prix de ces énergies sont tous à la hausse sur une longue période de temps (ici entre 2003 et 2010).

Soit un montant total de la facture énergétique de l’industrie agroalimentaire s’élevant à 2,4 milliards d’euros, en augmentation de 6,9% par rapport à 2009. Cette hausse de la facture concerne notamment les achats de butane et propane, en augmentation de plus de 50% entre 2009 et 2010.

 

Quelques exemples d’entreprises agroalimentaires qui réduisent leur consommation énergétique

Le Groupe Soufflet a réussi une prouesse technique : valoriser de la poussière de céréales afin de l’utiliser comme source d’énergie. Pour cela, le groupe a développé un nouveau concept de chaudière biomasse, qui est installé depuis septembre 2011 sur le site de Nogent-sur-Seine (10). Cette nouvelle chaudière valorise les poussières émises par les deux malteries du site, qui servent alors de combustible. Avec 12 000 tonnes de poussières brûlées par an, elle a permis au site de réduire de 73% sa facture de gaz naturel.

Le site alsacien d’Haguenau du groupe Mars Chocolat produit 90% de la production européenne des célèbres bonbons M&M’S. L’usine, grâce à un partenariat avec Sita et Cofely, substituera prochainement le gaz de ses chaudières par une « énergie verte » moins coûteuse.

L’entreprise agroalimentaire Léonard Volailles basée à Verdun (55) et spécialisée dans le négoce de volailles a opté pour une solution respectueuse de l’environnement, et également innovante. Ainsi, pour son système de production de froid, Léonard Volailles a fait appel à Axima Réfrigération et sa nouvelle installation fonctionnant avec la technologie CO2 transcritique, une première sur un site de production en France. Outre d’autres nombreux avantages, la solution du constructeur permet de réaliser des économies d’énergie de l’ordre de 10% par rapport à une installation dite classique.

Cette liste n’est bien sûr pas exhaustive. Il existe de nombreux exemples d’entreprises agroalimentaires qui, dans le cadre de l’amélioration de leur process, prennent en compte le facteur énergie et mettent en place des technologies qui permettent de réduire leurs factures énergétiques.

 

En conclusion de cette analyse, on peut noter que l’augmentation de la consommation d’énergie de la filière agroalimentaire est encore intrinsèquement liée à l’augmentation du volume de production, et que, dans le cadre d’un objectif de production « durable », la filière agroalimentaire est encore loin du compte

Seul point de satisfaction, le gaz naturel est devenu, avec l’électricité, l’énergie la plus prisée par l’agroalimentaire, loin devant le fioul lourd, la houille et le charbon, ce qui, d’un point de vue rejet de gaz à effet de serre, est encourageant.

Peut-être l’arrivée prochaine de l’affichage environnemental sur les emballages des produits alimentaires agira-t-elle comme un moteur efficace dans la mise en place de pratiques moins énergivores

Le gouvernement mise également sur certains dispositifs pour inciter les entreprises à réduire leurs consommations énergétiques. Notamment le dispositif des Certificats d’Economies d’énergies qui, suite au succès de la première période (mi 2006 – mi 2009) pour laquelle l’obligation d’économies d’énergie était de 54 TWh, a été reconduit pour une seconde période triennale. Celle-ci a débuté le 1er janvier 2011 et l’objectif d’économies d’énergies correspondant est de 345 TWh.

Autre dispositif plus récent s’adressant aux micro-entreprises, TPE et PME de plus de 3 ans réalisant des investissements destinés à économiser l’énergie, le prêt Eco-Energie (PEE) d’Oséo, l’entreprise publique de financement.

Il concerne les investissements s’inscrivant dans le cadre du Plan Efficacité Energétique. Ce prêt bonifié par l’Etat aux environs de 2%, est d’un montant compris entre 10 000 et 50 000 euros. Il est cumulable avec un certificat d’économie d’énergie et vise tant le tertiaire et les commerces que l’industrie. Sa durée est de 5 ans. Les dépenses éligibles concernent des installations et des travaux de mise aux normes de postes très consommateurs d’énergie, en matière d’éclairage, de chauffage, de climatisation et de motorisation électrique (moteurs, pompes à chaleur, production d’air comprimé ou de froid, éclairage, production d’eau chaude, installation de comptage, banc d’essai).

Enfin, notons également la publication de la norme ISO 50001, fruit de la collaboration de 61 pays, en juin dernier, portant sur les systèmes de management de l’énergie.

L’augmentation de la facture énergétique des IAA dans les années à venir est-elle inéluctable ? 

Tous ces dispositifs permettront-ils aux IAA de réduire leur facture énergétique dans les années à venir ? G.T.

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