Nano-aliments, nano-ingrédients, nano-technologies, devons-nous nous inquiéter ? Dans les années 2000, les producteurs commençaient à parler de futurs aliments aux propriétés inédites apportées par les nanotechnologies (des mayonnaises qui ne font pas grossir, des barres chocolatées toujours brillantes, etc.). Le développement des nano-technologies dans l’alimentation visait alors trois objectifs : le changement de goût et de texture, l’amélioration des valeurs nutritionnelles et l’allongement de la durée de conservation. A cette époque, Kraft Food aurait mis au point une eau sans goût contenant des nano-capsules d’arômes différents qui, en fonction de la température de réchauffage, pouvait colorer et aromatiser l’eau au choix du consommateur. Aujourd’hui, le numéro deux mondial de l’agroalimentaire dément cette information et les industriels se font très discrets à ce propos, craignant le lancement de polémiques et de rejets de la part du consommateur à l’instar des OGM. Parallèlement à ce silence, un cabinet allemand a étudié ce marché et annonce que celui des nanotechnologies dans l’alimentation s’élèverait à 20,4 milliards de dollars en 2010 dont les principales applications sont les agents de conservation et les additifs. Actuellement en France, le dioxyde de silicium (E551) et le dioxyde de titane, deux nano-ingrédients sont couramment utilisés. Le premier pour éviter l’agglomération des grains dans le sucre ou le sel, le second pour donner un blanc éclatant au glaçage des biscuits. Les applications étrangères sont plus poussées et visent à améliorer les qualités nutritionnelles (en Australie, nous pouvons trouver du pain enrichi avec des nano capsules d’huile de foie de morue, le but étant de faire consommer les bons acides gras sans avoir ses inconvénients gustatifs). Mais à l’heure où les allégations nutritionnelles et santé ne sont pas encore définitivement règlementées, ces « potentiels futurs ingrédients » le sont encore moins : il n’existe à ce jour aucune définition des nano-aliments car la commission européenne n’a pas tranché sur la définition de « nano » (moins de 300 ou moins de 100 nm ?). Par conséquent, ces ingrédients n’ont pas de définition officielle, donc pas d’obligation d’étiquetage, ni de recensement possible. De plus, leur innocuité n’est pas prouvée et l’AFSSET a annoncé en mars 2010, suite à une expertise sur les nanotechnologies et les risques associés, qu’il était nécessaire d’entreprendre des études sur ces produits afin de prouver à la fois leur intérêt et leur innocuité. M.L